dimanche 16 novembre 2014

Gun Crazy (le démon des armes)

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"We go together, Annie. I don't know why. Maybe like guns and ammunition go together."

Méconnu du public et de bon nombre de cinéphiles,  dépassait ses films. Il était l'un des rares réalisateurs de cette époque capables d'apporter un style, un rythme, une ampleur aux scénarii qu'il choisissait ou, plus souvent, qu'on lui confiait. Formé à l'école du montage et du western de série B pour Universal aura eu deux grandes occasions de mettre la plénitude de son talent à l'œuvre. La première pour le remarquable Gun Crazy (intitulé "Deadly Is the Female" entre octobre 1949 et août 1950), la seconde avec l'excellent The Big Combo. Polar sentimental (au faux airs de film noir) produit par les frères Frank et Maurice King, celui-là relate la rencontre de deux individus experts dans le maniement des armes à feu. Bart Tare voue, depuis l'enfance, une véritable passion pour les revolvers. Au point d'avoir été, pour cette raison, placé dans une maison de correction. Attraction d'une foire ambulante, Annie Laurie Starr rêve depuis toujours de mener grand train. Elle convainc Bart, après l'avoir épousé et dilapidé avec lui ses modestes économies, de commettre des hold-up de plus en plus lucratifs et risqués.
Imaginée par *, ancien journaliste et auteur de pulp fictions, co-scénarisé par le blacklisté  (sous le prête-nom de Millard Kaufman), l'histoire s'inspire en partie des crimes perpétrés au début des années 1930 par le duo Clyde Barrow-Bonnie Parker. La particularité du récit de Gun Crazy tient d'abord dans son préliminaire soulignant la malchance de Bart et la raison de son aversion profonde pour le meurtre. Ensuite dans les orientations psychologiques divergentes du couple (dont l'attachement amoureux est néanmoins sans cesse rappelé) et dans la mauvaise conscience croissante de Bart en raison de ses actes liés à l'influence néfaste de sa compagne. Sauf exceptions, les films de braquages et de sombres mélodrames ne brillent généralement pas par leur grande originalité.  réussit cependant à charger Gun Crazy d'une singularité, d'une vigueur et d'un modernisme assez étonnants. Bien aidé en cela par le travail photographique de Russell Harlan (dont la dextérité sera, officiellement, reconnue plus tard). L'Irlandaise née au Pays de Galles  et le New-yorkais  obtenaient ici le meilleur rôle de leur relativement courte carrière (lui avait notamment été Brandon dans Rope d' ; elle tiendra, sept ans après, celui de Lucy dans Hell Drivers). Les personnages secondaires sont, en revanche, un peu faibles. Entré en 1998 au National Film Registry**Gun Crazy s'inscrit dans la ligné du They Live by Night de . Il serait étonnant qu'il n'ait pas un tant soit peu influencé  pour son Badlands !

N.B. : le premier film de , Guncrazy (1992) avec  et , est un remake non assumé de celui de .
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*également auteur de The Best Years of Our Lives adapté en 1946 par , récompensé par le "Prix Pulitzer" 1956 pour "Andersonville".
**The ImmigrantBride of Frankenstein, The Ox-Bow IncidentThe Hitch-HikerEasy Rider et Tootsie figuraient, entre autres, sur la même liste.



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