dimanche 30 novembre 2014

Fargo

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"The heck do ya mean?"

Retour au bercail pour ce sixième opus . Après avoir successivement tourné au Texas, en Arizona, en Louisiane, en Californie et en Illinois/Caroline du Nord,  et  choisissent en effet d'implanter ce "polar chez les ploucs" (expression à connotation affectueuse !) dans leur Minnesota1 natal. Même s'il prétend d'emblée relater une histoire authentique (information d'ailleurs contredite par le générique de fin), Fargo procède surtout de la fertile imagination des deux frères, laquelle puise néanmoins une partie de son inspiration dans de réelles affaires criminelles. Le film balance sciemment, pour notre plus grande joie, entre drame familio-meurtrier vaguement stylisé et franche comédie noire.
Dérisoire et impécunieux directeur commercial de la concession automobile détenue par son riche beau-père, Jerry Lundegaard s'acoquine avec Carl Showalter et Gaear Grimsrud, deux petits malfrats chargés d'enlever son épouse Jean, avec lesquels il compte partager la rançon obtenue pour sa libération. Mais les événements tournent assez vite au désastre. Au cours du transport nocturne de la captive vers leur planque, les deux individus mal assortis font l'objet d'un contrôle de police pour défaut de plaque minéralogique. Grimsrud prend brutalement l'initiative d'abattre l'agent puis, après les avoir pourchassés, les deux jeunes automobilistes témoins du déplacement du cadavre. Un surprenant triple meurtre dont l'élucidation est confiée à Marge Gunderson, inspectrice de la localité de Brainerd à deux mois du terme de sa grossesse.
Placé symboliquement sous la figure (tutélaire ?) de Paul Bunyan2Fargo semble, par contraste, mettre en scène de véritables minus habens. A la base pitoyable, le projet échafaudé par Lundegaard pour tenter d'apurer ses escroqueries au crédit automobile va rapidement prendre une tournure "drôlement" sordide, presque sans exclusive. On ne louera jamais assez le talent comique de , à l'aise également dans le drame (son interprétation dans Mississippi Burning n'avait-elle pas déjà été remarquée huit ans auparavant ?). 3 et  (enfin titulaire d'un rôle plus important après deux quasi figurations) se montrent à la hauteur des enjeux dramaticomiques de ce polar devenu une référence dans son registre. Il ne serait d'ailleurs pas improbable que Sam Raimi ait été influencé par le film de ses camarades  au moment de la production de A Simple Plan (voir article) deux ans plus tard. Indéniable réussite, impression notamment cristallisée par la bande originale4 du fidèle Carter Burwell, Fargo a longtemps été le plus gros succès commercial du siècle dernier5 des frangins cinéastes. En lice pour la "Palme d'or" du 49e Festival de Cannes, il a permis aux  d'être une deuxième fois primés en tant que réalisateur(s). Nommé dans sept catégories des Academy Awards 1997 (le scénario original et  ont été recompensés)Fargo est entré en 2006 au National Film Registry.

N.B. : Fargo a suscité la production d'un téléfilm (2003) réalisé par  dans lequel  reprenait le personnage interprété par  ainsi que celle d'une série TV écrite par Noah Hawley (Bones), diffusée depuis avril 2014, avec  et  dans les rôles principaux.
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1. le Dakota du Nord (Fargo, plus grande ville de cet état, étant le point de départ du récit) sert également de décors à quelques scènes.
2. légendaire bûcheron géant du folklore étasunien.
3. lequel avait dû aller jusqu'à manier l'humour menaçant pour obtenir de jouer Jerry Lundegaard.
4. en particulier le thème composé à partir d'une chanson du folklore norvégien intitulée "Den bortkomne sauen" (trad. la brebis perdue).
5. 24,6M$ de recettes U.S. auxquels s'ajoutent les 36M$ à l'international, avant d'être devancé par O Brother, Where Art Thou?




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