Rawhide

"Nous sommes des cow-boys, pas des aventuriers. Nous conduisons nos bêtes et, croyez-moi, ce n'est pas une mince affaire."

Produit par Charles Marquis Warren (déjà associé aux premiers développements de Gunsmoke à la longévité exceptionnelle), Rawhide demeure, plus d'un demi-siècle après son lancement sur CBS, l'une des séries de western les plus emblématiques de la télévision des années 1950-1960(1). Il reste également dans la mémoire des cinéphiles pour avoir été le premier vecteur du véritable démarrage de la carrière de Clint Eastwood, aperçu auparavant chez 'Wild' Bill Wellman ou dans un épisode de Maverick, avant qu'elle ne connaisse en Europe un tournant décisif auprès de Sergio Leone. Libre transposition(2) au petit écran du Cattle Empire réalisé en 1957 par Warren pour la Fox, ce convoyage de trois mille têtes de bovins entre le Texas et le Missouri a (tout de même !) duré huit saisons, soit deux cent dix-sept épisodes de près d'une heure.

Pour faire parcourir à ce cheptel appartenant à plusieurs petits éleveurs les plus de sept cents miles (qui séparent San Antonio de Sedalia où il doit être cédé) en autant de temps, il a fallu une multiplication des "incidents" rencontrés ainsi que faire résonner le fouet plus d'un millier de fois. Autant l'avouer d'emblée, les nombreux scénarii ne se valent pas tous, le contraire serait d'ailleurs surprenant. La série s'inscrit en retrait du sillage tracé par les productions les plus réputées du genre, le muet North of 36, Red River ou ensuite suivi par l'excellent Lonesome Dove. Le conflit de génération y tient également une place moins marquée que dans le film d'Howard Hawks. Expérimenté et droit comme la justice, Eric Fleming, pour lequel le rôle du trail boss Gil Favor fut prééminent dans la carrière, tient plutôt bien son rang face à un Clint Eastwood jeune et déraisonnable, souvent prêt à en découdre s'il n'était régulièrement réfréné par ce boss respecté. Parmi les personnages secondaires, Paul Brinegar, partenaire de Dan Duryea (guest star du troisième épisode) dans Cattle Empire déjà cité puis d'Eastwood dans High Plains Drifter, se retrouve souvent à l'origine des situations comiques. Aperçu dans Little Big Horn et High Noon et sur le point de débuter dans un second et parallèle emploi de chanteur, Sheb Wooley abandonne ici son récurrent costume de hors-la-loi.

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1. au même titre que Bonanza, The Virginian ou encore Wagon Train.

2. à laquelle le journal de route du chef de convoi George C. Duffield (tenu au cours de son expédition de 1866) a aussi apporté du matériau narratif.