mercredi 2 septembre 2009

Watchmen (watchmen, les gardiens)


"Peace based on a lie."

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Il fallait au pire une bonne dose de prétention, au mieux un sérieux grain de folie pour adapter au cinéma le chef d'œuvre du roman graphique (première bande dessinée à recevoir le prestigieux "Hugo Award", élu meilleur album étranger au festival d'Angoulême 1989) aux yeux d'un grand nombre d'amateurs du genre. Evoqué par la Warner peu après la publication des douze albums chez DC Comics (sept. 1986-oct. 1987), repris par Universal puis la Paramount, revendiqué par la Fox, le projet a vu plusieurs réalisateurs (Terry Gilliam, David Hayter, Darren Aronofsky et Paul Greengrass) y être associés puis renoncer pour diverses raisons. "Héroïsé" par le succès de 300 produit par le studio, c'est finalement Zack Snyder qui leur succédait. Tant sur le plan artistique que commercial*, Watchmen, quoique plaisant, ne s'est pourtant pas vraiment montré à la hauteur des attentes suscitées.
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Octobre 1985. Alors qu'il regarde chez lui la télévision, Edward Blake est soudainement attaqué par un inconnu qui, après un violent combat, le projette par la fenêtre de son appartement. Est-ce parce qu'il continuait en secret à travailler pour le gouvernement que celui que l'on surnommait 'The Comedian' au sein du groupe légalement dissout des Watchmen, héritiers des Minutemen, a été assassiné ? Walter Kovacs dit 'Rorschach', décidé à mener l'enquête, voit plutôt l'ensemble de ses anciens compagnons justiciers comme la véritable cible du meurtrier. Il se rend donc d'abord chez Dan Dreiberg alias 'Nite Owl II' pour lui faire part de ses craintes. Le lendemain, ce dernier alerte Adrian Veidt ex-'Ozymandias', devenu un riche homme d'affaires mobilisé à trouver des sources d'énergie alternatives. 'Rorschach' pénètre lui furtivement dans le centre de recherche militaire où le Dr. Manhattan tente, pour le compte de l'administration Nixon, de trouver une parade à une très probable attaque nucléaire soviétique.
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Si l'illustrateur Dave Gibbons s'est déclaré impressionné par le travail de Zack Snyder et de son équipe, il n'est en revanche pas sûr qu'il ait réconcilié Alan Moore, échaudé par de précédentes tentatives, avec l'idée même d'adaptation de ses ouvrages. Ou obtenu l'adhésion des fans de l'un des "cent meilleurs romans en langue anglaise depuis 1923" (selon l'hebdomadaire US "Time"). Innovante, intelligente, complexe, souvent conçue comme un véritable story-board, la bande dessinée du Britannique (dont les personnages sont en partie inspirés de ceux créés notamment par Steve Ditko pour le défunt Charlton Comics) plaçait en effet la barre à franchir extrêmement haut. Tout comme, d'ailleurs, l'avait fait la qualité d'autres productions tirées de comic books (The Dark Knight, Spider-Man ou Iron Man en particulier). Fallait-il pour autant céder devant la difficulté ? Certes non. A défaut de soulever celui des spectateurs, l'enthousiasme et la relative modestie** de Zack Snyder plaident en sa faveur. L'ancien publicitaire, qui contrairement à 300 n'a pas ici participé à l'écriture du scénario, pêche peut-être par son souci de fidélité à l'œuvre originale, se retrouvant en particulier piégé par la structure singulière et la profondeur narrative de celle-ci. Regardé sans référence ni a priori, Watchmen reste néanmoins une uchronie eschatologique intéressante et divertissante, solidement défendue par une jolie brigade d'acteurs (judicieusement) peu connus.
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*sur la base d'un budget d'environ 130M$, les recettes ont été légèrement supérieures à 185M$ dont seulement 42% à l'étranger. Le film figure à la dix-huitième place du box-office US 2009, très loin de Transformers: Revenge of the Fallen, derrière X-Men Origins: Wolverine, G.I. Joe: The Rise of Cobra, Terminator Salvation et précédé par... G-Force !
**"et si, au final, Watchmen est considéré comme une bande-annonce de 2h30 pour le livre, ce sera ma plus belle récompense." (Z. Snyder).

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