
Ryoo Seung-wan
a, c'est le moins que l'on puisse dire, de la suite dans les idées. Dix ans après sa première production, le court métrage éponyme, le jeune cinéaste sud-coréen (récompensé par la presse dans le cadre de la "Quinzaine des réalisateurs" 2005) s'aventurait à lui donner une version longue, toujours avec Lim Won-hie
dans le rôle titre. Sympathique comédie parodique des films d'espionnage, Dachimawa Lee
devenait ainsi, sans démériter et en apportant ses singularités "propres", le représentant oriental du club fermé auquel appartenaient déjà les inspecteur Clouseau (The Pink Panther
), Maxwell Smart (Get Smart
), Frank Drebin (The Naked Gun
) ou encore Austin Powers
. Inédit en France (hormis présentations festivalières) comme les précédents, ce septième long métrage de Ryoo
procure, pour qui sait l'apprécier, un salutaire moment de divertissement... presque débridée !









1942. Dans l'ambassade de l'URSS à Pékin où une réception est donnée, l'agent coréen Dachimawa Lee parvient à confondre et à éliminer sa compatriote Jang Sook-ja, par amour au service du Japonais Tamanegi. Ce dernier participe, peu après, à une réunion nippo-chinoise destinée à obtenir la liste, cachée dans une statuette en or de Bouddha, des agents coréens qui appuient la résistance en Mandchourie. A l'écart, le secret Shadowman affirme aux quatre interlocuteurs savoir où se trouve l'objet en question et leur donne rendez-vous à la conférence internationale des espions en Suisse. Découverte alors qu'elle écoutait les échanges, Yeon-ja, la partenaire de Lee, tente d'échapper à ses ennemis mais disparaît. Dans le train qui l'emmène Shanghai, Lee déjoue le vol de Lynx des montagnes, un malfaiteur qui lui voue une grande admiration et qui, pour cela, promet de s'amender. A destination, il vient en aide à une jeune femme malmenée par cinq individus. Celle-ci se révèle être Marie, sa nouvelle co-équipière, et les agresseurs des agents coréens souhaitant le mettre à l'épreuve. Instrumenté par le prof. Nam lors d'un bref passage au centre de recherche l'université de Princeton, Lee part à la recherche de la statuette également convoitée par le gang dirigé par Wang.

"Arrête ton cinéma !". Succédant à Jjakpae
, polar pur et dur, Dachimawa Lee
nous prend sérieusement à contre-pied avec ce récit des surprenants exploits d'un lointain et asiatique confrère de James Bond. Figure héroïque nationale, (comme seul le continent du levant, depuis la disparition de l'Union Soviétique, sait ainsi en produire), Lee semble en effet issu de l'improbable et visiblement non contrôlé hybridation du célèbre agent 007
britannique avec le courageux intellectuel étasunien Indiana Jones
. Il hérite aussi, incidemment, du code génétique (modifié) de Wang Kang, le fameux sabreur manchot de la trilogie Dubei dao
initiée en 1967 par le Chinois Chang Cheh
. Au milieu du doux délire qui caractérise son film, Ryoo Seung-wan
cible évidement le film d'action des décennies 1960-70 tout en n'hésitant pas à brouiller les pistes du genre et à lancer quelques clins d'œil musicaux (une prouesse physique !)** à quelques illustres productions étrangères, à tous les sens du terme. Dans son quatrième rôle confié par le réalisateur et aux côtés d'un discret mais efficace trio féminin, Lim Won-hie
(aperçu dans le segment de Sam gang yi
tourné par Park Chan-wook
puis dans le nettement plus dramatique Jumeogi unda
) contribue grandement au décalage visé par le film.











___
*notamment le thème herrmannien
de Psycho
ou la sarabande haendelienne utilisée par Kubrick
dans Barry Lyndon
.







Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire