mardi 14 juillet 2009

The Fall


"You know what epic means?"

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Même si leurs univers sont dissemblables, il y a une évidente parenté entre The Cell et ce deuxième film de Tarsem Singh, transposition sémantique du drame bulgare Yo ho ho. Formé aux Etats-Unis, le cinéaste indien, réalisateur de nombreux clips et spots publicitaires, possède indéniablement ce goût de la liberté et de l'exubérance formelles qui, dans un autre contexte, font la joie des amateurs de productions bollywoodiennes. Il le démontre à nouveau avec The Fall, sorte mise en abyme fabuleuse offrant un authentique "dépaysement fictionnel". Présenté initialement à Toronto en septembre 2006, le film est choisi pour succéder à Requiem au palmarès du meilleur film du festival catalan de Sitges avant de connaître une diffusion, certes sélective, mais soutenue par Spike Jonze et David Fincher.
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Los Angeles, il y a longtemps, très longtemps. Jeune immigrée âgée de cinq ans, Alexandria est hospitalisée pour une fracture du bras gauche occasionnée par une chute pendant la récolte des oranges. A la recherche d'un message égaré, elle rencontre Roy Walker, figurant paralysé des membres inférieurs à la suite d'un grave accident lors d'un tournage. Inspiré par le prénom de son inattendue visiteuse, celui-ci commence à lui raconter l'histoire d'Alexandre le Grand, égaré après une bataille. La petite fille à l'anglais très approximatif accepte alors de lui montrer le précieux contenu de la boite qu'elle garde constamment avec elle, notamment la photographie de famille prise devant sa maison ensuite incendiée par des inconnus en colère. Interrompus par la visite du médecin, Roy lui promet le lendemain une autre histoire, épopée d'amour et de vengeance.
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Après avoir patiemment attendu la fin de l'entretien entre Roy et un acteur unijambiste qu'elle prend pour un pirate, Alexandria réclame l'histoire promise. Quatre hommes sur un îlot sont bientôt rejoints par un Indien porteur d'une funeste nouvelle. Otta Benga, un ancien esclave dont le frère est mort à la tâche, l'Indien dont la très belle épouse enlevée s'est suicidée, Luigi, un expert en explosifs banni, le naturaliste anglais Charles Darwin accompagné de son petit singe Wallace, destinataires d'un exemplaire mort du rarissime papillon appelé "Americana Exotica" et le Bandit noir masqué dont le frère jumeau doit être exécuté. Chacun possède une raison pour se venger du maléfique gouverneur espagnol Odieux.
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"Dessine-moi un mouton" demandait sans relâche le fantastique petit héros d'Antoine de St-Exupery. "Raconte-moi une histoire extraordinaire" semble, de manière symétrique, devenir l'unique et tragique obsession de l'imaginative jeune orpheline de The Fall. Tout à la fois pour s'évader et donner un sens nouveau à son environnement confiné et à ses acteurs. Le film de Tarsem Singh est surtout un beau récit d'amour(s) et de sauvetage, sorte de métaphore rêvée de l'existence. C'est d'ailleurs en cela qu'il se rapproche et se démarque de The Adventures of Baron Munchausen, de MirrorMask ou du remarquable El Laberinto del fauno. Le choix des décors naturels (vingt-six sites répartis dans dix-huit pays !), la direction artistique et la photographie (dès le générique) sont simplement hallucinants, frisant un peu la démonstration. La sobre et juste interprétation de Lee Pace se trouve néanmoins bémolisée par le jeu de la débutante Catinca Untaru, impressionnante de naturel, d'aisance et de charme. The Fall est enfin aussi un hommage aux pionniers du Septième art.

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