mardi 29 mars 2011

Side Street (la rue de la mort)


"How did your Mrs like the present?"

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Ce dix-septième film marque la fin d'un cycle dans la carrière d'Anthony Mann. Pas seulement parce que le réalisateur va délaisser le polar au profit du western au sein d'un studio concurrent. Les narrations qu'il s'apprête désormais à mettre en scène privilégieront également davantage un lyrisme bien plus sceptique qu'une certaine descriptive discursivité. Opus médian d'une série de cinq films noirs (co-)signés par Sydney Boehm (scénariste trois ans plus tard du Big Heat de Fritz Lang), Side Street évoque pourtant d'emblée Desperate, précédent film de Mann. Et confirme la particularité d'un talent naissant, celui de Farley Granger entre deux rôles importants, révélateurs sous la direction d'Alfred Hitchcock et une interprétation remarquée, déjà aux côtés de Cathy O'Donnell, dans They Live by Night de Nicholas Ray.
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Joe Norson voudrait emmener son épouse Ellen en Europe et lui offrir un manteau de vison. Un rêve bien inaccessible pour ce jeune postier employé à mi-temps et hébergé par ses beaux-parents. Au cours de sa tournée, il aperçoit un comparse de l'avocat Victor Backett ranger dans un meuble deux cents dollars tombés sur le plancher. Le lendemain, trouvant le bureau ouvert mais inoccupé, il ne peut résister à la tentation de dérober le classeur contenant les deux billets pour permettre à Ellen de donner naissance à leur premier enfant dans de meilleures conditions. Caché sur le toit d'un immeuble avec le produit de son larcin, après avoir fugitivement croisé l'inquiétant collaborateur du juriste, Joe découvre trente mille dollars en coupures de cent. Une somme soutirée par Backett et son client, le criminel en liberté conditionnelle George Garsell, à Emil Lorrison avec la complicité de la gironde Lucille 'Lucky' Colner dont le cadavre est bientôt repêché dans les eaux de l'East River. De retour chez lui, Joe empaquette les six liasses de billets, prend quelques affaires et son pistolet militaire. Il fait ensuite croire à Ellen avoir obtenu un nouveau travail régulier pour lequel il a reçu deux cents dollars à titre d'avance qu'il lui remet et qui l'oblige à partir le soir même. Puis il se rend dans le bar voisin tenu par Nick auquel il confie son précieux butin présenté comme un cadeau destiné à Ellen.
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Comme les autres polars d'Anthony Mann qui l'ont précédé, Side Street s'inscrit dans une réalité contextuelle, ici encore une fois (vertigineusement !) urbaine. Deux inflexions significatives et corollaires doivent cependant être soulignées. La première paradoxale puisque, s'il s'agit à nouveau d'un récit (initialement et finalement) narré en voix hors champ par un policier, en l'occurrence le capitaine Walter Anderson, le film repose sur un tout autre personnage à la centralité insigne. La seconde liée à l'intérêt accru porté à la psychologie, tourmentée et crédule, de celui-ci, accentuant ainsi le caractère fictionnel de cette histoire d'appâts et d'affaires imbriqués (se résolvant l'une l'autre). Side Street se distingue également sur le plan visuel. La photographie de Joseph Ruttenberg*, collaborateur notamment de George Cukor et de Fritz Lang, diffère très sensiblement de celle de John Alton. Moins enthousiasmant que les Naked City et Night and the City de Jules Dassin, Side Street montre une relative proximité avec le plus tardif Charley Varrick de Don Siegel.
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*déjà titulaire de deux (de ses 4) "Oscars" sur six (10) nominations.

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