mercredi 30 mars 2011

The Last Man on Earth (je suis une légende)


"I don't deny there's some strange evolutionary process going on..."

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Porté un temps par le fameux studio britannique Hammer, ce projet d'adaptation de "I am Legend", le premier roman de Richard Matheson paru en 1954, tombe finalement dans l'escarcelle du prolifique producteur et distributeur étasunien Robert L. Lippert. Sorti la même année que l'excellent Dr. Strangelove... de Kubrick, The Last Man on Earth(1) explore comme plusieurs autres productions(2) avant lui le thème eschatologique de la fin d'un monde. Sa singularité consiste à y introduire des ferments du mythico-classique vampirisme, lequel prend ici des allures qui ont sans doute influencé un certain George A. Romero(3) ou, plus récemment, Danny Boyle. Lippert confie à Vincent Price, avec lequel il a déjà collaboré à deux reprises (notamment sur The Fly), le rôle principal ; un choix contesté par l'auteur également co-scénariste sous le pseudonyme de Logan Swanson.
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Premier jeudi de septembre 1968. Probable unique survivant d'une effroyable et incurable pandémie mondiale, Robert Morgan passe depuis presque trois ans ses journée à traquer méthodiquement des créatures mutantes, contraintes de se cacher dès le lever du soleil, à les tuer en plantant un pieu dans leur cœur puis à jeter leur corps et ceux gisant dans les rues désertes de la ville dans une fournaise. La nuit venue, le biochimiste du laboratoires Mercer doit s'enfermer chez lui, protégé des assauts réguliers de ces revenants faibles et débiles menés par son ancien jeune collègue et ami Ben Cortman au moyen de tresses d'ails et de miroirs fixés aux portes. Revenu tardivement de la chapelle dédiée à la mémoire de son épouse Virginia où il s'est assoupi, Morgan parvient à échapper aux agresseurs qui l'attendent à l'extérieur et devant sa maison. Il se projette alors un film de l'époque heureuse mais révolue auprès de 'Virge' et de leur jeune fillette Kathy âgée de sept ans. Le souvenir des dramatiques événements de la fin de l'année 1965 lui reviennent alors à l'esprit.
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Tourné à Rome(4) sous la direction conjointe des méconnus Sidney Salkow et Ubaldo Ragona, The Last Man on Earth tient davantage du drame (quasi monologue) psychologique que du film d'épouvante futuriste. Relâché, assez peu inquiétant (comparé au premier opus de la série romérienne), bien moins drôle (surtout dans les prémices) et subtil que l'œuvre littéraire, il néglige de manière très évidente la dimension politique, "civile"(5) que celle-ci portait à travers le bouleversement socio-biologique ou l'inversion des registres conventionnels (à l'origine du titre originel) qui s'opèrent au cours de ce récit. Scientifique et non plus ouvrier comme l'était Neville dans le roman, Morgan devient susceptible d'"identifier" l'inexpliqué phénomène auquel il a échappé, plausiblement même de l'inverser. Le changement de titre et l'exécution finale se déroulant de façon (christo-)symbolique dans une église souligne en revanche la conception athée, évolutionniste(6) du monde également présente dans le livre et édulcorée dans les deux adaptations suivantes(7).
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1. à ne pas confondre avec la comédie muette tirée d'une œuvre de Mary Shelley.
3. Night of the Living Dead date de 1968.
4. en particulier autour du Palazzo della Civiltà Italiana, figure emblématique de l'architecture fasciste édifiée dans le cadre de l'Exposition universelle de 1942.
5. même si la séquence finale peut ici, avec ses camicie nere (variation désaturée des sturmabteilung), suggérer une prise de pouvoir "nationaliste" ou "éthique".
6. puisque le nombre l'emporte sur le singulier préexistant et réputé authentique.

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