dimanche 9 novembre 2008

The Other Boleyn Girl (deux sœurs pour un roi)


"Love is of no value without power and position."

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Certaines pages déterminantes de l'Histoire confinent parfois au mythe. Tel est le cas du règne d'Henry VIII, arrière petit-fils de Catherine de Valois(1) et deuxième monarque de la dynastie Tudor, surnommé 'Barbe bleue' en référence au funeste personnage du conte de tradition populaire et au destin tragique d'au moins deux de ses épouses. Parmi elles, Ann Boleyn interprétée à l'écran(2) notamment par Vanessa Redgrave (A Man for All Seasons) et, plus récemment, par Natalie Dormer dans la série irlando-américaine The Tudors diffusée sur la BBC. Adapté de l'ouvrage éponyme(3) de Philippa Gregory par Peter Morgan (scénariste du téléfilm britannique Henry VIII(4) en 2003, récompensé d'un "Golden Globe" pour The Queen), The Other Boleyn Girl est la première production pour le cinéma du réalisateur Justin Chadwick (Bleak House).
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La reine Catalina de Aragón, épouse en seconde noce d'Henry VIII et mère de leur unique enfant Marie, vient à nouveau d'accoucher d'un garçon mort-né. Proche courtisan du souverain, Thomas Howard, duc de Norfolk, voit dans cette dramatique succession une précieuse opportunité pour renforcer son influence auprès de celui-là. Il sollicite aussitôt son beau-frère Thomas Boleyn dont l'une des deux filles doit pouvoir aisément devenir la favorite du roi sans héritier mâle. La cadette Mary venant de convoler avec William Carey, le fils d'un marchand, c'est donc à la brillante et ambitieuse Ann qu'échoit la mission et le privilège de séduire Henry Tudor, convié à passer quelques jours chez les Boleyn. Mais au cours d'une partie de chasse, le roi chute dans une ravine à cause de l'obstination d'Ann à poursuivre un cerf. Blessé dans son amour-propre, il ignore désormais la jeune femme au profit de Mary qu'il invite instamment à le rejoindre à la cour.
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Présenté hors compétition à la 58e Berlinale, The Other Boleyn Girl mise davantage sur son casting de tête, réuni pour la première fois, que sur une étroite authenticité historique pour séduire le public. Une option gagnante sur le plan commercial(5), moins d'un point de vue dramatique et artistique. Ce récit fondé sur une insensée et tragique rivalité sororale, aux multiples conséquences politiques, recelait en effet une puissance narrative en partie seulement exploitée par ce film. Sur le thème des conspirations et intrigues courtisanes, voire même celui de la place et du rôle des femmes sous la monarchie, le premier long métrage de Justin Chadwick, aux qualités plutôt télévisuelles, se montre dans l'ensemble moins captivant et flamboyant que le Elizabeth (propre fille d'Ann Boleyn au demeurant !) de son collègue indien Shekhar Kapur, également produit par Alison Owen. Si les interprétations de Natalie Portman et Scarlett Johansson, contestées pas certains puristes comme l'historien et présentateur TV David Starkey, ne soulèvent pas de solide critique, il n'en est pas de même pour celle, pâlotte, d'Eric Bana dont le personnage constituait probablement le plus intéressant des trois principaux. L'étoffe légèrement étriquée accordée aux rôles secondaires, pourtant servis par de bons acteurs, apparaît enfin assez peu judicieuse.
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1. donc parent de Marguerite de Valois dit la 'Reine Margot', mariée à Henri IV.
3. publié en 2001, premier d'une série de six (deuxième en respectant la chronologie historique) consacrée au Tudor, porté au petit écran en 2003 par Philippa Lowthorpe avec pour principaux interprètes Natascha McElhone, Jodhi May et Jared Harris.
4. avec Ray Winstone dans le rôle-titre et Helena Bonham Carter dans celui d'Anne Boleyn
5. 73,6M$ de recettes internationales, dont près des deux tiers réalisés hors des Etats-Unis, ont amorti un budget d'environ 35M$.

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