lundi 29 août 2005

Trois femmes un soir d'été


"Je ne sais pas mentir... Je ne sais pas faire semblant."

La tradition des sagas télévisée estivales est, depuis 1989, respectée. Cette année, direction l'ouest, breton pour la première chaîne, gascon, et plus précisément armagnacois pour France 2 avec Trois femmes... un soir d'été. Après le mystérieux Miroir de l'eau, la chaîne publique mise cette fois sur une classique intrigue meurtrière. Mais, que ceux qui n'ont pas encore vu les premiers épisodes de cette courte série se rassurent, les sombres secrets de familles et de paternité, à l'origine des succès précédents, y trouvent bien leur place. Une partie de l'équipe de production et de scénaristes d'Un Eté de canicule rempile, de même que son réalisateur, son chef-opérateur, son couple de compositeurs et Anthony Delon. Agathe De La Boulaye, que l'on avait vue en 2002 et 2004 respectivement dans L'Eté rouge (où elle partageait déjà l'affiche avec Guy Marchand) et L'Enfant de l'aube sur la chaîne concurrente, remplace Cristiana Réali pour séduire et convaincre, cette année, les téléspectateurs.
Peu après avoir reçu la désagréable visite d'une mystérieuse Isabelle, Jean-Luc Mallet, le maire de Condor, une petite ville du Gers, est retrouvé mort dans une fontaine un soir de fête. Le capitaine Julie Leroy du SRPJ de Toulouse est désignée à sa demande par le procureur David Rousseau, son amant, pour mener l'enquête. Parmi les suspects figurent Lucien Sauveterre, premier adjoint au maire et président du club de rugby local avec lequel Mallet a eu une altercation juste avant son meurtre et Michel Auvignon, un agent immobilier qui se révèle être l'amant de l'épouse de la victime. Dans le même temps, Yvonne Sauveterre, la femme du frère de Lucien, Virgil, décède, laissant une lettre, qui ne lui est finalement pas remise, à sa fille, la restauratrice Cathy Layrac, mise au ban de sa famille. Cette dernière hérite néanmoins de "La Chartreuse", une belle propriété à l'abandon, lieu de souvenirs d'enfance, convoitée par Monique, alias Belinda Sauveterre, la femme de Bruno Sauveterre, le fils de Virgil*. Julie Leroy, adoptée à sa naissance, profite de sa présence à Condor pour interroger Louise Bonnier, retraitée de la D.A.S.S. et cartomancienne à ses heures, qui connaît l'identité de sa mère mais refuse cependant de la lui révéler. Bientôt, Olivier Marquez, recueilli par les Sauveterre et considéré comme un membre de la famille à part entière, est assassiné, asphyxié par enfermement dans une cuve de l'exploitation vinicole. Le docteur Mathias Auvignon, le petit-fils de Louise Bonnier et dont la femme a été tuée dans un accident de la route par Marquez, est le coupable idéal. Le problème est que le capitaine Leroy en est secrètement amoureuse.
Qui a dit que le polar était un genre exclusivement urbain ? Pas les auteurs de cette série en quatre épisodes (d'environ quatre-vingt dix minutes), c'est une certitude. Il est vrai qu'il est de tradition nationale, chez les diffuseurs, d'offrir aux téléspectateurs estivaux quelques aspects des charmes du terroir français. Mais terroir rime-t-il toujours avec saveur ? Ou, pour poser la question différemment, Trois femmes... un soir d'été est-elle une série-fermière ? Sans conteste digeste, et prenant quelques risques narratifs, elle manque toutefois un peu de sapidité. Plus que les longueurs, habituelles dans les œuvres de ce type, ce sont les maladresses scénaristiques ou dans les dialogues qui handicapent le "produit". Le dernier volet, en particulier, pourtant crucial, manque cruellement d'intérêt et de tenue.
L'expérimentée Agathe De La Boulaye, notamment à la télévision, semble mal à l'aise, ne parvenant pas à rendre réellement crédible son personnage de capitaine de police pète-sec, affublé d'un rictus permanent dont on ne sait s'il s'agit d'un sourire ou d'une grimace. Ce sont les interprétations de Fanny Cottençon, du massif et sensible Jean-Claude Drouot et de Nathalie Richard(que l'on apercevra bientôt dans le dernier film de Haneke) qui emportent l'adhésion. Quant à Anthony Delon, son jeu est de plus en plus proche de celui de son auguste père (un compliment ?). Enfin, signalons pour conclure la présence inattendue, dans la bande musicale, de la chanson "Porque te vas" qui rythmait le Cria cuervos de Carlos Saura.
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*vous suivez toujours ?!!

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