"Tout ce qui balance doit s'arrêter d'un côté."
Le deuxième film du coréen Ahn Byeong-ki, sorti en juillet 2002 dans son pays d'origine, fait donc une apparition tardive en France sans passer par la case salles. Pon
serait-il un mauvais film ? Certainement pas, il s'agit d'un très
honnête film d'horreur, à tendance psychologique, respectant les
conventions du genre et doté d'une facture sérieuse. Il a d'ailleurs
rencontré un honorable succès auprès du public italien en mai-juin de
l'année dernière. Seulement après Ringu, Jian gui et autre Ju-on,
il est, semble-t-il, difficile pour un tel film, indépendant de
surcroit, de motiver un distributeur. La vidéo permet, heureusement, de
combler partiellement ce sérieux handicap.
Après un article explosif dénonçant des abus sexuels sur mineures et désignant leurs auteurs, la journaliste Ji-won
reçoit des menaces d'un homme par téléphone et par mail. Elle est
obligée de changer de numéro de portable et d'aller habiter dans la
seconde résidence, située à Bang-bae, de sa proche amie Ho-jung, l'épouse du président de société Lee Chang-hoon.
Mais son nouveau numéro de téléphone lui est attribué dans des
circonstances étranges et reçoit des appels inquiétants. Le comportement
de Young-ju, la petite fille de Ho-jung, est particulièrement perturbé par la réception de l'un d'entre eux lors d'une visite dans un musée. Un peu plus tard, Ji-won
découvre que les anciens titulaires de son numéro de téléphone sont
tous décédés dans des conditions singulières sinon inexplicables.
Qu'attend-on d'un film d'horreur ? Qu'il nous fasse peur et/ou qu'il nous surprenne. Le scénario original de Pon, inspiré d'après son auteur-réalisateur par "The Black Cat" (in Tales of Terror) d'Edgar Poe,
n'y parvient pas tout à fait. La frayeur est surtout créée par les
classiques apparitions soudaines et par la bande son. Le film a, en
effet, du mal à installer, comme Ringu ou Honogurai mizuno soko kara (sorti la même année que Pon),
un climat de tension permanente et croissante. Après la cassette vidéo,
l'opération oculaire ou la maison, l'idée d'utiliser l'instrument en vogue, le téléphone cellulaire, comme vecteur d'intervention d'un esprit
était plutôt bonne. Mais il devient vite un accessoire au milieu d'une
narration un peu heurtée et confuse, laquelle tente maladroitement, au
début du métrage, d'emmener le spectateur vers de fausses pistes. La
photographie et les éclairages sont, avec un visible parti pris
esthétisant (l'image est, par exemple, volontairement bougée ou déformée et les trouvailles visuelles ne sont pas rares), parmi les éléments réussis du film. Et la prestation de la jeune actrice Eun Seo-woo n'a pas grand chose à envier, même si elle est moins spectaculaire, à celle de son aînée Linda Blair dans The Exorcist.
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