dimanche 1 février 2015

Canyon Passage (le passage du canyon)

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"It's a thin margin, Johnny, between what could be and is."

Malgré plusieurs réalisations marquantes, notamment au cours des années 1940,  ne jouit pas auprès du public d'une réputation à la hauteur de son véritable talent. Sans doute en partie parce qu'il l'a principalement exercé pour le cinéma de genre. Cat People et Out of the Past ne demeurent-ils pas, sept décennies après leur production, des références catégorielles difficilement contournables ? Pièces majeures d'une carrière débutée auprès de son père Maurice, parti de Paris à Hollywood en 1913 alors que  était encore un enfant. Tourné entre les deux films cités, Canyon Passage confirme de manière évidente la réalité de cette capacité artistique et technique dans un registre que le réalisateur n'avait, de surcroit, jusque-là jamais abordé. Cette adaptation du roman éponyme* d' (auteur du Stagecoach de John Ford) constitue en effet le premier des six westerns dirigés par .
Coup d'essai, coup de maître. A partir d'un récit somme toute assez classique adroitement scénarisé par ** décide de s'affranchir des codes traditionnels du genre pour nous livrer une œuvre à la fois forte et singulière. Canyon Passage, considéré avec justesse par Bertrand Tavernier comme le premier western moderne ("un des plus mystérieux et exquis" selon Martin Scorsese), séduit également par la variété des thématiques (par ex. la dualité ruralité-urbanisation, pourtant foncièrement modérée à cette époque) et individus. Logan Stuart (), l'authentique et loyal aventurier reconverti, sans pour autant perdre son âme, dans les affaires ; George Camerose (), le joueur compulsif acculé à l'escroquerie et au meurtre, l'un et l'autre épris pour des motifs très différents de Lucy Overmire (). Certains des personnages secondaires apportent aussi un réel relief à la narration, tels l'épaisse brute criminelle Honey Bragg (), l'étrange "troubadour" et témoin civique Hi Linnet (tenu par l'auteur-compositeur-interprète ) ou encore Johnny Steele (), représentant auto-investi de l'ordre public. L'ensemble du casting (on y compte l'excellent et  ) de cette production conduite par Walter Wanger pour Universal est d'ailleurs l'un des multiples atouts (outre le scénario déjà évoqué, la direction, la cinématographie en couleur d'Edward Cronjager, le montage de Milton Carruth, les décors naturels et en studio...) de Canyon Passage. Un vrai grand film !
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*publié initialement en 1945 par l'auteur né à Portland (Oregon) dans le magazine "Saturday Evening Post".
**le dernier scénario pour le cinéma pour ce natif anglais, adaptateur entre autres du  The Hound of the Baskervilles réalisé en 1939 par .





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