Très médiocre polar dirigé par Michele Placido(Romanzo criminale*, Vallanzasca, gli angeli del male), Le Guetteurne parvient jamais à aller beaucoup plus loin que son pitch initial vaguement intrigant. Cette production européenne ressemble, en réalité, à un quelconque téléfilm mal inspiré, boursouflé et poussif. Dès avant la première demi-heure du métrage, l'attention du spectateur s'émousse. A peine rattrapée par les invraisemblables vrilles (ou dérapages !) que le scénario commence alors à amorcer. Cette première confrontation à l'écran entre Daniel Auteuil et Mathieu Kassovitz s'avère donc en tout point... parfaitement oiseuse et oubliable. ___ *également co-produit par Fabio Conversi, compagnon de Fanny Ardant qui fait d'ailleurs ici une brève apparition.
"History prefers legends to men. It prefers nobility to brutality,..."
Tenter de réécrire l'histoire constitue presque toujours une pratique imprudente, parfois même dangereuse et/ou hérétique. A fortiori lorsqu'il s'agit de l'entrainer vers le mythe. Le jeune auteur new-yorkais Seth Grahame-Smith y a succombé, n'hésitant d'ailleurs pas, dans le roman éponyme paru en mars 2010, à "s'attaquer" au très emblématique personnage d'Abraham Lincoln et à la non moins décisive Civil War. Il le fait néanmoins avec suffisamment d'excès (la biographie officielle du 16e président - le premier républicain - des Etats-Unis et les enjeux et moyens de la Guerre de Sécession "en prennent un bon coup" !) et de talent pour obtenir l'absolution publique. Bien aidé, au passage à l'écran, par la réalisation stylisée et délirante du Kazakho-hollywoodien Timur Bekmambetov(auteur notamment du diptyque Nochnoy dozor/Dnevnoy dozor). Le comédien Benjamin Walker* incarne efficacement ce bien étrange chasseur de vampires (collègue d'un autre Abraham, plus connu dans cette sombre activité, le médecin hollandais Van Helsing). On n'est, enfin, pas étonné de voir Tim Burton associé à cette production de genre**. Contrepoint fantastique au plus réaliste et ambitieux drame historique dirigé par Steven Spielberg, Abraham Lincoln: Vampire Hunterest un divertissement plutôt piquant et original. ___ *casté après que Tom Hardy, Eric Bana, Timothy Olyphant, Adrien Brody, Josh Lucas, James D'Arcy, Oliver Jackson-Cohen et Rob Huebel aient été pressentis pour le rôle-titre. **celui d'action horrifique. D'autant moins que Grahame-Smith a également co-signé le scénario de Dark Shadow.
Le second long métrage du Barcelonais Juan Antonio Bayona, présenté en première au TIFF et nommé dans quatorze catégories* des derniers "Goya", possède évidemment d'indéniables qualités. D'abord l'histoire vraie dont il est tiré, celle vécue par l'Espagnole María Belón et sa famille lors du brutal tsunami est-asiatique de décembre 2004. Un récit, où chance et tragédie se percutent singulièrement, auquel les promoteurs ibériques du film ont voulu donner une dimension plus internationale (i.e. anglo-saxonne), en particulier à travers le choix des acteurs principaux. Le casting de tête, l'Anglaise Naomi Watts(nommée pour son interprétation aux "Golden Globes" et "Oscars") et l'Ecossais Ewan McGregor une nouvelle fois impeccables aux côtés d'un jeune et prometteur débutant Tom Holland, constitue d'ailleurs un des atouts déterminants de Lo Imposible. Argument bonifié en outre par le talent de réalisation de Bayona, d'écriture de Sergio G. Sánchez(auteur du scénario d'El Orfanato) et par les ingénieuses, adroites autres contributions de production. Enfin les exemplaires valeurs de courage, de solidarité familiale et d'altruisme qui parviennent à résister à cette terrifiante submersion catastrophique et émotionnelle. Pourtant, on ressort de ce drame extraordinaire avec un vague, diffus sentiment d'incomplétude légèrement atténué grâce à la courte apparition de Geraldine Chaplin*.
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*récompensé dans celles de la réalisation, du montage, des décors, du son et des effets spéciaux. **déjà présente dans le précédent film de Bayona.
Rounders* reste, quinze ans après sa sortie, un bien plaisant et intéressant film, pas uniquement pour les amateurs de poker. Le premier scénario du duo David Levien-Brian Koppelman(Runaway Jury) envisage de manière originale et opportune, à travers le prisme de ce jeu réputé hasardeux, les thèmes de la vocation et de l'amitié. Et si la réalisation de John Dahl(The Last Seduction, désormais plus connu pour ses directions de séries télévisées) apparaît aujourd'hui un peu lâche et datée, le casting composé de Matt Damon,
Edward Norton, John Turturro**, agrémenté des deux remarquables, savoureuses apparitions de John Malkovich et de la présence de Martin Landaucompense très largement. La suite, annoncée en 2011 et différée malgré l'implication de l'acteur principal et des frères Weinstein, entrera-t-elle bientôt en production ? ___ *candidat au "Lion d'or" 1998. **les personnages féminins, tenus pas Gretchen MolFamke Janssen, sont un peu plus ternes.
La première adaptation réalisée en 1990 par Paul Verhoeven du court récit de Philip K. Dick était tellement affligeante (authentique et grotesque auto-parodie inconsciente) qu'il y avait surement matière à faire mieux. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, Total Recall, seconde version y parvient. A défaut de posséder un réel talent créatif, Len Wiseman sait en effet diriger des films d'action. Le scénario se montre à la fois bien moins "fantaisiste" et plus intéressant que le précédent ; la production*, sans doute trop "sérieuse" comparée à l'original, assez soignée. Autre atout : la présence de l'aiguisé Colin Farrell pour succéder au boursouflé et lourdaud Arnold Schwarzenegger. Le choix des partenaires féminines, Kate Beckinsale et Jessica Biel, manque en revanche de pertinence, les autres seconds rôles sont quasiment transparents. Au final, l'impression d'ensemble laissée par ce film de science-fiction énervé se révèle plutôt favorable. ___ *aux inspirations, atmosphériques et mécaniques, tour à tour puisées dans Blade Runner, Minority Report ou encore Star Wars: Attack of the Clones.
Assurément spectaculaire (une volonté clairement affichée par ses promoteurs, en particulier avec le recours à la 3D et au High Frame Rate, i.e. un tournage en 48 images par seconde), ce premier volet du triptyque-prequel à la flamboyante trilogie The Lord of the Ringse révèle néanmoins moins subtil et épique que celle-ci. Le scénario adapté du premier roman, publié en 1937, de J.R.R. Tolkien n'évite pas non plus quelques longueurs et "empilements" récitatifs parfois un peu lassants. La rencontre accidentelle, antagoniste et fondatrice entre Bilbo (rôle judicieusement confié à Martin Freeman) et Gollum constitue d'ailleurs le principal nœud narratif du film. Peter Jackson propose donc un film abouti sur le plan technique, ayant rencontré un indubitable succès commercial. Mais l'ambition artistique paraît en retrait ; une déception relative que le cinéaste néo-zélandais est en mesure de dissiper grâce aux deux épisodes à venir, The Desolation of Smaug(attendu en décembre prochain) et There and Back Again(programmé un an plus tard) dans lesquels Benedict Cumberbatch(complice de Freeman dans l'excellente série Sherlock) tiendra l'un des personnages déterminants de ces suites.
Absurde, grotesque, totalement inconsistant, le premier film du duo Jesse Holland-Andy Mittonne mérite pas le détour (il ne vaut donc a fortiori pas le voyage !). Très vaguement motivé par un élément narratif* du The Wizard of Oz, YellowBrickRoad**aurait pu tenter d'explorer la sphère de la fable utopico-parabolique. Il ne constitue, en réalité, qu'un médiocre récit dépourvu de sens et de direction mis en scène sans aucune adresse. L'heure trente perdue à son visionnage aurait plus utilement permis de (re)voir l'original et (véritablement) conceptuel The Blair Witch Project!
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*lui même inspiré du "road of yellow brick" des romans "The Wonderful Wizard of Oz" et "The Marvelous Land of Oz" de L. Frank Baum. **qui succède à la comédie horrifique The Revenantau palmarès du New York City Horror Film Festival.