vendredi 24 février 2012

Human Desire (désirs humains)


"That's why he's holding over me, that's why I can't leave him... That's why I lied to you. "

 - film - 8067_7
Second film successif tourné par Fritz Lang pour Columbia, Human Desire reste l'une des productions secondaires de la période étasunienne du réalisateur. Est-ce parce qu'il se situe entre le "frappant" The Big Heat, dans lequel Glenn Ford et Gloria Grahame apparaissaient déjà en têtes d'affiche, et l'insolite (au cours cette étape de sa carrière) film d'aventure Moonfleet ? Ou plutôt en raison de la comparaison subie avec La Bête humaine, remarquable adaptation du roman de Zola par Jean Renoir, dont il s'inspire ? Sans doute l'effet cumulé de ces deux situations. Profondément remanié (édulcoré ?) par Alfred Hayes, scénariste de Clash by Night, le récit perd en intensité dramatique et psychologique sans significative compensation narrative.
 - film - 8067_13
Démobilisé après plus de trois ans en Corée, Jeff Warren reprend son travail de machiniste aux côtés de son collègue et ami Alec Simmons. Ellen, la charmante fille de celui-ci, éprouve désormais des sentiments de femme à l'égard de Warren avec lequel elle a toujours eu une certaine complicité. Renvoyé pour s'être disputé avec son patron Thurston, l'adjoint au chef de dépôt Carl Buckley suggère avec insistance à sa jeune épouse Vicki de faire intervenir John Owens, une de ses vieilles connaissances et un important client de la compagnie ferroviaire. Le couple se rend le lendemain en ville où Vicki doit rencontrer Owens à son bureau. Chez Jean, une amie Vicki, l'attente impatiente de Buckley vire à l'inquiétude.
 - film - 8067_17
Lorsqu'elle arrive enfin ayant obtenu la réintégration de son mari, elle se soustrait à l'étreinte reconnaissante et aux baisers de ce dernier. Vicki est alors soumise aux questions, contrainte d'expliquer sa longue absence et la poursuite de l'entretien avec Owens dans un bar. Une maladresse de Vicki confirme les craintes du mari jaloux. La révélation implicite de la contrepartie au service demandé et la possible poursuite d'une ancienne liaison poussent aussitôt Buckley à la violence. Il force sa femme à rédiger un billet destiné à Owens lui donnant rendez-vous dans le train de nuit pour Chicago dans lequel Warren voyage également. Une fois le convoi parti, les Buckley entrent dans le compartiment de l'homme d'affaires mortellement poignardé par Carl. Lequel maquille son meurtre en emportant la montre et l'argent de sa victime ; il récupère aussi le message compromettant pour Vicki. L'inattendue présence de Warren les empêche de retourner dans leur wagon.
 - film - 8067_20
Fritz Lang aurait-il pris plus de plaisir à diriger les (parfois étonnamment longues !) séquences ferroviaires (réminiscence nostalgique de celles dans Die Spinnen et Spione) qu'à diriger les évolutions du trio adultèro-criminel sur lequel repose Human Desire ? C'est bien probable ! Le refus (argumenté) de Peter Lorre d'interpréter Jack Warren a également dû bouleverser certains des éléments essentiels du scénario et contribuer à la contrariété opérationnelle d'un réalisateur toujours très obstiné et exigeant. L'intérêt de l'intrigue du film n'atteint d'ailleurs pas celui suscité par The Woman in the Window ou Scarlet Street. A l'exception de Vicki* (ni vraiment jolie, ni totalement garce) tenu sans éclat par Gloria Grahame, la psychologie des personnages et les aspects sociaux demeurent, au moment où triomphait le On the Waterfront d'Elia Kazan, relativement superficiels. L'évidente maitrise formelle ne peut constituer l'unique argument pour emporter l'adhésion des véritables amateurs de Lang.
___
* rôle initialement destiné à Rita Hayworth.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire