samedi 4 février 2012

Beyond the Sea


"... Everybody else seems to know who you are!"

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Vieux projet plusieurs fois mis en suspens et remanié(1), Beyond the Sea relate assez librement la vie et la carrière du chanteur et acteur des années 1950-1960 Bobby Darin(2). Finalement attribué par la WGA à Lewis Colick (October Sky), le scénario n'hésite en effet pas à étroitement associer aux épisodes authentiquement biographiques choisis d'assez intéressantes inflexions fantasmatiques qui contribuent à la tonalité singulière du film. Cette seconde réalisation(3) de Kevin Spacey surprend positivement en particulier grâce à la polyvalente interprétation (aux parties chorégraphiques sans doute perfectibles) qu'il offre dans un genre totalement inédit pour lui. Présenté en première au TIFF en septembre 2004, Beyond the Sea n'a ensuite fait l'objet que d'une exploitation plutôt étroite aux Etats-Unis puis à l'étranger. Souffrant également de la concurrence de Ray (projeté le lendemain dans le cadre du festival canadien), y compris à l'égard des votants aux "Golden Globes".
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Accompagné par ses proches collaborateurs jusqu'à la scène du "Coconut Grove", Bobby Darin y interprète "Mack the Knife" devant un public déjà conquis. Mais il s'interrompt bientôt en apercevant un jeune garçon qui disparaît derrière un rideau. Le concert est en réalité une des nombreuses prises d'une séquence de la biographie filmée de l'artiste. Après avoir échappé, grâce à son beau-frère Charlie Maffia, à un journaliste et visionné deux rush en salle de montage, Darin décide de modifier la chronologie du tournage. L'opinion émise par le manager-réalisateur Steve 'Boum Boum' Blauner est contredite de façon lapidaire par le gamin à l'origine de l'interruption, titulaire du rôle de Darin enfant et prétendant être lui aussi Darin. Bobby se retrouve soudain au milieu de la rue du Bronx où il a grandi auprès de sa sœur aînée Nina, de Charlie.
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Et de sa chère et veuve mère Polly Cassotto le jour où celle-ci apprenait par le médecin que son fils Walden Robert, victime d'une grave maladie cardio-vasculaire, n'atteindrait vraisemblablement pas l'âge de quinze ans. Formé par Polly, ancienne artiste de music-hall, au piano et autres instruments, au chant et à la danse, Bobby s'entoure de Blaumer, du chargé des relations publiques David Gershenson, du chef d'orchestre amateur Dick Berke et de Charlie. Objectif : devenir le nouveau Frank Sinatra. Après plusieurs décevantes prestations, Bobby a la révélation de son pseudonyme, obtient sa première apparition à la télévision, enregistre le rock "Splish Splash" puis des morceaux jazz le motivant bien davantage. Polly décède au moment où Darin connaît ses premiers succès, peu avant qu'il ne rencontre et tombe amoureux de Sandra Dee, partenaire de son premier film(4).
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"Brash, cocky and arrogant!" Il faut savoir gré à Lewis Colick, rédacteur du script initial, et à Kevin Spacey d'avoir opté pour un biopic moins conventionnel qu'à l'accoutumé. Beyond the Sea (version de "La Mer" de Charles Trenet enregistrée par Darin en 1960) ne se contente pas d'être le plat et linéaire récit d'un artiste ambitieux et un peu excentrique. La volonté d'une mise en perspective, moins historique que relationnelle, est manifeste tout au long du métrage. Le portrait du survivant Bobby Darin se dessine peu à peu à travers les influences successives ou conjointes de Polly, de Sandra, de l'entourage amical et professionnel ainsi que celle, tardive et déstabilisante, de Nina. Si elle ne possède pas la "stature", parfois controversée, d'un Frank Sinatra (dont le biopic n'est d'ailleurs toujours pas planifié !), l'existence et la carrière Bobby Darin possède des atouts dramatiques indéniables astucieusement employés par Spacey. Considéré comme un handicap de crédibilité par certains, l'âge de celui-ci apparaît un élément assez anodin comparé à l'énergie, à l'enthousiasme et aux prouesses vocales et dansantes dont, au-delà de l'indiscutable jeu d'acteur, il fait ici preuve. Des qualités individuelles auxquelles répondent avec solidité Kate Bosworth (pourtant inconstante), l'excellent John Goodman mais aussi l'ensemble du casting (les Britanniques Bob Hoskins et Brenda Blethyn, Greta Scacchi, la comédienne Caroline Aaron, le jeune et étonnant William Ullrich dans son actuel unique rôle au cinéma,...). Une contribution artistique moins ostensible, démonstrative que celle de Ray mais supérieure au De-Lovely sorti la même année.
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1. voir anecdotes en page film.
2. casté sans crédit par John Cassavetes dans Shadows, "Golden Globe" 1962 du meilleur espoir masculin (partagé avec Richard Beymer et Warren Beatty), compagnon d'escadron de Steve McQueen dans Hell Is for Heroes, acteur d'un second rôle dans Captain Newman, M.D. nommé aux "Oscars" et décédé à trente-sept ans en décembre 1973.
3. après Albino Alligator.

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