"Is there anything else we can do for you?"
Probablement
aussi ancien que le Septième art lui-même, le cinéma pornographique
prend un tour plus explicite et commence à se codifier en Europe à
partir des années 1960. La tolérance législative au Danemark puis aux
Pays-Bas favorise le développement de productions encore souvent peu
dotées mais aux ambitions "artistiques" plus affirmées, vendues sous le
comptoir ou diffusées en clubs privés dans le reste du continent. Avec
l'arrivée de la décennie suivante, les Etats-Unis reprennent la main.
Premier film véritablement exploité en salles, Mona: The Virgin Nymph
y ouvre notamment la voie à trois désormais classiques du genre, Deep Throat
, Behind the Green Door
et Devil in Miss Jones
, qui ont à la fois connu un grand succès commercial et partagé l'appellation "Golden Age of Porn" (ou porno chic). Un sort et un label dont, cinq ans après le dernier d'entre eux, Debbie Does Dallas
peut sans aucun doute se prévaloir.

La candidature de Debbie Benton, la capitaine de l'équipe de cheerleaders de son lycée, a été acceptée par les "Texas Cowgirls".
La jeune femme va bientôt partir pour Dallas mais, en raison de
l'opposition de ses parents, elle doit d'abord trouver les moyens de
financer son voyage. Dans les vestiaires, Lisa propose à ses sept amies enthousiastes de toutes trouver une activité lucrative pour l'aider et même l'accompagner. Donna songe à travailler dans la bibliothèque de M. Biddle, Tammy a vu une offre d'emploi chez le disquaire de la ville, Lisa peut pallier un départ au club de tennis, M. Bradley cherche quelqu'un pour laver sa voiture. La création d'une société, "Teen Services", est évoquée. De leur côté, Debbie obtient sans difficulté un job dans le magasin de sports de M. Greenfeld qui rêve de la connaître intimement et Roberta ira aider le couple Hardwick
pour l'inventaire de leur boutique de bougie. Celle-là monnaie assez
vite de précieux boni, lançant ainsi une juteuse diversification de leur
entreprise. Certaines ne doivent pas non plus négliger de satisfaire
les attentes de leur petit-ami.

Souvent présenté comme anti-cinéphilique, la pornographie a, d'une certaine manière(1), gagné ses "lettres de dignité" (de non indignité ?) avec des productions telles que le populaire Debbie Does Dallas
. Crues, certains diront obscènes, les séquences(2)
autour desquelles se tisse, sans être annulé, le très léger matériau
narratif ne sont jamais vulgaires ou choquantes. Une fois les arguments
historico-sociologiques évacués, ce sont d'une part la simplicité, le
réalisme(3) et l'humour lié à la motivation faussement innocente de ces "good girls"
qui retiennent l'attention de l'amateur de cinéma. Mais aussi les choix
visuels et le jeu de caméra, aussi dépouillés soient ils parfois, qui
participent à l'identité formelle du film. Aux côtés d'acteurs
expérimentés, en particulier le bivalent Robert Kerman
(future vedette de Cannibal Holocaust
, aperçu plus récemment dans Spider-Man
), la grande bringue Debra DeSanto alias Bambi Woods
fait preuve dans son tout premier rôle à l'écran(4) d'une spontanéité et d'un entrain réjouissants. La native de Pierre (South Dakota, localité à proximité de laquelle a été tourné Dances with Wolves
) incarnera à nouveau Debbie dans deux sequels avant de disparaître corps et biens(5), au grand damne de ceux qui ont tenté de la retrouver. Onze suites ou spin-offs ont été inspirés de la trilogie Debbie Does Dallas
, la plupart peu convaincants et destinés au marché de la vidéo.
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1. comme elle l'avait fait auparavant en littérature.
2. dont la première, soit dix minutes de double(s) douche(s) mixte(s).
3. nous sommes en effet bien loin du prétendu "esthétisme" qui caractérise les productions récentes, notamment françaises.
4. une vocation suscitée pour des raisons... financières !