Une Femme de ménage
"Mais je ne fais pas le ménage avec mes cheveux"
La persistance du thème et du rôle de la femme de chambre (ou de ménage, il faudrait d'ailleurs consacrer une étude sur les différences sémantiques et ontologiques !) dans le cinéma n'a jamais cessé de me surprendre. Nous avons, bien sûr, tous en mémoire le film de 1964 de Luis Buñuel
Le Journal d'une femme de chambre
. Mais, sans vouloir être exhaustif, on pourrait citer La Carrière d'une femme de chambre
de Dino Risi
(1976) ou encore La Femme de chambre du Titanic
réalisé en 1997 par José Juan Bigas Luna. Sans oublier le rôle essentiel de Lisette incarné par Paulette Dubost
dans La Règle du jeu
de Jean Renoir
(1939).
Le film de Claude Berri
ne prétend pas marquer l'histoire du cinéma comme celui de Buñuel
.
Inspiré du roman éponyme de Christian Oster, l'acteur-réalisateur nous
narre une histoire convenue de séduction maladroite entre un
quinquagénaire et une jeune femme qui pourrait être sa fille. Ce n'est
pas à proprement parlé une bluette, mais la profondeur du discours
social comme celle des sentiments n'est pas abyssale, loin s'en faut.
Cependant, tout en comprenant que l'on puisse s'ennuyer à la vision de
ce film, ceux qui sont familiarisés avec le cinéma de Claude Berri
y retrouveront ses qualités d'intimité et de pudeur qui sont
singulièrement absentes de la plupart des productions récentes. Moins
personnel que La Débandade
, Une Femme de ménage
est, peut-être grâce (à cause) de cela, plus ouvert et attachant.
Il n'est pas étonnant, compte tenu du sujet et du choix des acteurs,
mais aussi de la liberté qui leur est laissée par le réalisateur, que le
film repose principalement sur l'interprétation de Jean-Pierre Bacri
et Emilie Dequenne
.
Le premier, volontairement absent des affiches depuis Le Goût des autres
(1999) pour se consacrer à son métier de scénariste, a fait le pari d'apporter au personnage de Jacques
une vérité (sensible et meurtrie) qui n'est pas uniquement celle du
caractériel grognon auquel il nous a habitué. La seconde, loin de sa
cavalière prestation du Pacte des loups
, plus proche de Rosetta
qui l'a révélé, brille par le naturel de sa composition, au point, parfois, de ne pas avoir le sentiment d'être au cinéma (qualité ou handicap ?).
Le couple ne fait penser ni à Lolita
ni à Nelly & Monsieur Arnaud
(néanmoins plus proche du second que du premier), dans son parcours (de Paris en Bretagne) mêlant tour à tour, dans un plat salé-sucré additionné d'humour, rencontre-opposition-séduction-intimité-séparation. Chez Claude Berri
en effet, "les histoires d'amour finissent mal... en général".
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