jeudi 15 mai 2003

Two Mules for Sister Sara (sierra torride)


"Don't brother me"

Entre Coogan's Bluff et The Beguiled, Two Mules for Sister Sara est le deuxième film tourné par Don Siegel avec Clint Eastwood. L'histoire d'amour imaginée par Budd Boetticher devient, chez Siegel, une pseudo farce (comme l'évoque, un tant soit peu, le titre original) dans laquelle il ne se passe pas grand chose. Et pourtant, le film possède un charme indéfinissable.
La trame est des plus simples : une fausse (rapidement perceptible) religieuse et un vrai mercenaire vont s'associer pour aider la résistance mexicaine contre la colonisation française. Pour autant, il ne faut surtout pas chercher de rapport avec le Juarez de Dieterle ou le Dieu seul le sait de John Huston. Entre temps, les deux personnages vont essuyer une attaque "imprévisible" d'indiens qui donne lieu à l'une des deux scènes les plus intéressantes : celle au cours de laquelle ur Sara retire une flèche de la poitrine d'Hogan. L'autre scène, étrange celle là, est celle du générique de début du film dans laquelle on voit Hogan traverser un paysage désertique, hostile car peuplé de créatures aussi inquiétantes que dangereuses (crotale, puma, araignée...) qui se manifesteront à nouveau dans la première moitié du film. Ce bestiaire semble mettre en évidence que l'animal le plus redoutable de tous est... l'homme. Lequel, en association, n'hésite pas à s'attaquer à une religieuse pour attenter à sa vertu (laquelle, nous le saurons plus tard, était résolument petite !).
n 1970, il ne reste quasiment plus rien du glorieux western américain. Aussi, le film de Siegel propose-t-il une approche plus "spaghettienne" du genre. La présence d'Eastwood, celle de la musique loufoque (accords de guitares désaccordées et sorte de crécelle) de Morricone et la violence crue de l'attaque de la garnison française a davantage à voir avec l'univers de Leone qu'avec celui de Ford. L'acteur principal est, bien qu'alcoolique, très sobre, presque attachant (un comble !). Sa décontraction dans l'allumage de ses cigares n'a d'égal que celle qui l'habite pour mettre à feu les bâtons de dynamite qu'il manipule avec brio. Shirley MacLaine est parfaite dans le rôle de ur Sara, autant capable d'une grande et pieuse innocence que de vice et séduction. Mais cette femme, qui monnaie son corps, est capable de la plus absolue abnégation pour la cause qu'elle a choisie, ce qui l'oppose à la pure vénalité d'Hogan. Au final, ils se rendront compte, l'un et l'autre, qu'ils sont faits l'un pour l'autre (de mon point de vue, la scène finale est superflue ; j'aurais préféré que le film s'achève avec celle de la baignoire).

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