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"Mujer que llora y padece
te ofrezco la salvacion
Tu cariño ciego." (in "La Niña de fuego" interprété par le chanteur flamenco Manolo Caracol)
Etrange, volontiers énigmatique, le second long métrage de Carlos Vermut1 nous surprend presque sans cesse. L'histoire de quatre destins qui se croisent, se percutent incidemment. Celui de la déroutante Bárbara, jeune écolière devenue l'épouse d'un aisé psychiatre ; celui de Damián, son vieil enseignant de mathématiques au collège. Ceux également d'Alicia, frêle adolescente atteinte d'une leucémie en phase avancée, et de son père Luis, professeur de littérature sans emploi depuis un semestre. Sensible, souvent troublant voire déstabilisant, le scénario original inventé par le cinéaste madrilène explore avec ingéniosité des thématiques fondamentales (amour, finitude, rêve, transgression sous contrainte, rédemption...) à partir de situations dramatiques tout à la fois communes et pleines de fantasmagories.
Produit par un trio Hernándézien2, Magical Girl3 illustre à sa façon l'un des paradoxes intrinsèques du peuple et de la société espagnols : leur incessant balancement entre raison et émotion, entre lucidité et égarement. Plus que le récit lui-même ou sa mise en scène, ce sont les personnages centraux, vulnérabilisés et contradictoires, mais aussi les ellipses ménagées par Vermut qui façonnent les principaux attraits de ce drame décalé, insolite. Intéressante interprétation de Bárbara Lennie4, plusieurs fois récompensée pour sa prestation, notamment par le "Goya" 2015 de la meilleure actrice, de Luis Bermejo, de José Sacristán et de la jeune débutante Lucía Pollán. Présenté en première dans la section "Découverte" lors de la 39e édition du TIFF, Magical Girl a succédé à Pelo malo au palmarès du "Concha de oro" du festival de San Sebastian5.
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1. né Carlos López del Rey, Vermut est aussi auteur de bandes dessinées. Son premier long, Diamond Flash (2011), a été produit par financement participatif.
2. Amadeo Hernández Bueno, Pedro Hernández Santos et Alvaro Portanet Hernández déjà associés pour le second long métrage d'Antonio Méndez Esparza Aquí y allá (2012).
3. terme générique désignant des jeunes filles dotées de pouvoirs dans des séries d'animation japonaises (sentai) diffusées à partir du début des années 1970. Dans le film, Alicia s'identifie au personnage de Yukiko.
4. titulaire du second rôle de Cristina dans La Piel que habito de Pedro Almodóvar (dithyrambique à propos de Magical Girl), remarquée récemment dans El Niño de Daniel Monzón.
5. Vermut y a reçut le "Concha de Plata" du meilleur réalisateur.
te ofrezco la salvacion
Tu cariño ciego." (in "La Niña de fuego" interprété par le chanteur flamenco Manolo Caracol)
Etrange, volontiers énigmatique, le second long métrage de Carlos Vermut1 nous surprend presque sans cesse. L'histoire de quatre destins qui se croisent, se percutent incidemment. Celui de la déroutante Bárbara, jeune écolière devenue l'épouse d'un aisé psychiatre ; celui de Damián, son vieil enseignant de mathématiques au collège. Ceux également d'Alicia, frêle adolescente atteinte d'une leucémie en phase avancée, et de son père Luis, professeur de littérature sans emploi depuis un semestre. Sensible, souvent troublant voire déstabilisant, le scénario original inventé par le cinéaste madrilène explore avec ingéniosité des thématiques fondamentales (amour, finitude, rêve, transgression sous contrainte, rédemption...) à partir de situations dramatiques tout à la fois communes et pleines de fantasmagories.
Produit par un trio Hernándézien2, Magical Girl3 illustre à sa façon l'un des paradoxes intrinsèques du peuple et de la société espagnols : leur incessant balancement entre raison et émotion, entre lucidité et égarement. Plus que le récit lui-même ou sa mise en scène, ce sont les personnages centraux, vulnérabilisés et contradictoires, mais aussi les ellipses ménagées par Vermut qui façonnent les principaux attraits de ce drame décalé, insolite. Intéressante interprétation de Bárbara Lennie4, plusieurs fois récompensée pour sa prestation, notamment par le "Goya" 2015 de la meilleure actrice, de Luis Bermejo, de José Sacristán et de la jeune débutante Lucía Pollán. Présenté en première dans la section "Découverte" lors de la 39e édition du TIFF, Magical Girl a succédé à Pelo malo au palmarès du "Concha de oro" du festival de San Sebastian5.
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1. né Carlos López del Rey, Vermut est aussi auteur de bandes dessinées. Son premier long, Diamond Flash (2011), a été produit par financement participatif.
2. Amadeo Hernández Bueno, Pedro Hernández Santos et Alvaro Portanet Hernández déjà associés pour le second long métrage d'Antonio Méndez Esparza Aquí y allá (2012).
3. terme générique désignant des jeunes filles dotées de pouvoirs dans des séries d'animation japonaises (sentai) diffusées à partir du début des années 1970. Dans le film, Alicia s'identifie au personnage de Yukiko.
4. titulaire du second rôle de Cristina dans La Piel que habito de Pedro Almodóvar (dithyrambique à propos de Magical Girl), remarquée récemment dans El Niño de Daniel Monzón.
5. Vermut y a reçut le "Concha de Plata" du meilleur réalisateur.















