dimanche 1 mai 2011

Quartier lointain


"... Si c'était pas un rêve, alors c'était quoi ?"

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Si les adaptations de bandes dessinées se multiplient au cinéma, celles de mangas (hors action, animation et Japon) restent plutôt rares. Une première raison pour louer l'initiative prise par le Belge Sam Garbarski et ses producteurs de transposer le seinen "Haruka-na machi'e" publié en 1998 par Jirô Taniguchi. Co-écrit par le complice de ses deux précédents longs métrages Philippe Blasband et par Jérôme Tonnerre (collaborateur de Claude Sautet et d'Yves Robert sur deux adaptations pagnoliennes), Quartier lointain possède également le mérite de s'affranchir au moins partiellement de l'œuvre originale tout en restant fidèle à ses thématiques et aspects visuels.
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Auteur de BD, Thomas Verniaz-Zorn ne suscite auprès de son épouse et de ses deux filles qu'un intérêt apparemment bien superficiel. Lors d'un déplacement pour un salon professionnel, il avoue à un jeune lecteur de sa série "Agatha Hayes", dont le dernier volume date de deux ans, être à la recherche d'une nouvelle histoire plus personnelle. Réveillé par le contrôleur, il apprend s'être trompé de train et descend dans la gare d'une petite localité de Savoie. D'en l'attente du prochain train pour Paris, il entame une promenade et découvre que la ville en question n'est autre que celle où il a passé son enfance. Thomas rencontre son camarade Godin ; ensemble, ils se rendent à la boutique tenue autrefois Bruno, le père tailleur du premier, au-dessus de laquelle se trouvait l'appartement familial aujourd'hui laissés à abandon.
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Celui-ci avait mystérieusement disparu un soir d'anniversaire pour ne plus jamais réapparaître. Sur la tombe de sa mère Anna, Thomas aperçoit un papillon qu'il suit du regard jusqu'à l'étourdissement et la perte de connaissance. Lorsqu'il reprend conscience, Thomas trouve son vieux vélo sur la route. Il a de nouveau quatorze ans, ses parents, sa sœur Corinne et sa chienne Gina l'attendent chez lui pour le déjeuner. Le journal affiche la date du 12 juin 1967, soit une semaine après l'anniversaire de son père. Le lendemain, ce qu'il croyait être un rêve se poursuit. Au lycée, Thomas retrouve son copain Rousseau et Sylvie Dumontelle qu'il n'a jamais osé aborder.
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Dédié à son père par Sam Garbarski, Quartier lointain s'apparente avec sensibilité et singularité aux films d'introspection ou de réapprentissage. Drame du délaissement et d'une persistante souffrance restée inexpliquée, aux connexions fantastic-oniriques, ce retour littéral en enfance (auquel nous rêvons tous un jour ou l'autre de notre existence) permet également au cinéaste de renouer avec des thèmes (perte, espoir, sauvetage, réparation...) souvent nostalgiques qu'il semble affectionner. Sans doute moins poétique que le manga autobiographique de Jirô Taniguchi, il développe néanmoins des ambiances assez proches, où la nature tient une place significative, en particulier grâce à la qualité de la production artistique et à la significative contribution photographique de Jeanne Lapoirie*. La reconstitution d'époque prend cependant parfois un peu le pas sur la narration sans l'altérer durablement. Intéressante quoique inégale prestation de Léo Legrand, aperçu déjà aux côtés de Jonathan Zaccaï dans Les Yeux bandés, dans un premier rôle effectif.
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*dont nous avions pu apprécier le travail auprès d'André Téchiné ou de François Ozon notamment.

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