dimanche 6 avril 2003

The Miles Davis Story


"Miles a souvent regardé en arrière, mais il est toujours allé de l'avant"

Miles Davis est probablement l'un des musiciens qui ont le plus marqué et influencé la musique moderne du XXe siècle. Constamment innovateur, exceptionnel découvreur de talents, on peut dire qu'il était, à partir des années 60, l'homme par lequel le jazz se faisait.
Le film de Mike Dibb, réalisé pour la télévision britannique, est très instructif sur l'homme et le musicien Miles. Les trois grandes périodes de sa carrière sont présentées et analysées : la naissance du musicien sous l'influence et avec le soutien de Charlie Parker, Dizzy Gillespie ou Clark Terry dans le East St Louis confronté à ses problèmes raciaux. La période Cool qui démarre en 1949 et voit le début de sa prolifique collaboration avec Gil Evans, sa participation au film de Louis Malle Ascenseur pour l'échafaud, la formation du quintet avec John Coltrane et l'introduction, en 1959, du jazz modal. Puis la période électrique, à partir de 1969, et la formidable éclosion, sous l'impulsion du maître, de jeunes musiciens qui ont forgé le jazz de la seconde moitié du siècle dernier et font encore l'actualité.
On pourrait s'attendre à un portrait hagiographique, idéalisant l'homme et le musicien. En réalité, le trait est fidèle, parfois peu complaisant*, n'oubliant pas les aspects les moins valorisant comme la drogue, le machisme, l'obsession sexuelle ou le côté un peu pathétique des dernières années de Miles. Le film repose sur la présence de témoignages essentiels pour comprendre l'homme et le jazzman - la famille (compagnes, épouses, enfants ou parents), les mentors (Clark Terry, Dizzy Gillespie), les producteurs (Bob Weinstock et George Avakian), biographe (Ian Carr) ou musiciens (Shirley Horn, Jimmy Cobb, Herbie Hancock, Ron Carter, Keith Jarrett, John McLaughlin, Marcus Miller... curieusement, Wayne Shorter, l'un des plus dignes héritiers de Miles, n'apparaît pas) - et sur les images d'archives. L'alternance est intelligemment menée, le portrait se précise, bien sûr dans sa chronologie, mais aussi dans sa psychologie. La présence d'entretiens, rares, avec Miles est un atout supplémentaire. Au terme de ces plus de deux heures de film, on en sait un peu plus sur ce musicien riche, complexe et énigmatique qu'était Miles Davis.
On peut néanmoins regretter que l'oeuvre de Miles ne soit pas, hormis Jimi Hendrix, resituée dans sa contemporanéité musicale (Gerry Mulligan, Chet Baker, Dave Brubeck, Charles Mingus...).

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