lundi 14 avril 2003

Lucía y el sexo (lucia et le sexe)


"... et faire des montagnes à l'envers."

une critique non classique
J'apprécie, d'une manière générale, le cinéma espagnol. J'avoue avoir, cependant, plus de mal avec celui de la nouvelle génération, des Amenabar ou Medem. Pourtant, à part certains aspects, j'aime sincèrement le racoleur Lucia y el sexo. C'est une raison supplémentaire pour qu'il fasse l'objet d'une critique serrée.
Il y a en effet plusieurs -ique, (hic), dans ce film. D'abord sur le plan du récit : il règne un désordre dans cette histoire qui n'a d'égal que la confusion des sens. Le sens, au singulier, ne vient que tardivement, comme par hasard, pour réconcilier les coeurs à défaut des corps. Mais l'effet de surprise ne joue pas dans la mesure où l'auteur a, curieusement, fait, pour cet épilogue, un choix narratif réaliste plutôt que fantasmatique.
Ensuite, sur le plan du traitement, nos jeunes artistes n'ont, semble-t-il, pas bien compris le rôle et l'utilisation du flash-back des maîtres que sont Orson Welles ou, en Espagne même, le Carlos Saura de Cria Cuervos par exemple. Le spectateur est malmené (pour ne pas dire brinquebalé) par ces mouvements incessants dans le temps (comme il l'est, plus violemment encore, dans Abre los ojos). Mais on doit reconnaître à Medem qu'il a soigné le traitement visuel de son film, avec le recours à des vues surexposées fortes (il ne s'agit pas d'esthétisme pur), un sens du cadrage subtil et un mouvement très fluide de la caméra.
Enfin, sur le plan psychologique (ou philosophique, comme on voudra), les thèmes développés et les moyens utilisés par Medem sont, un tant soit peu, éculés ou contestables :
  • inspiration créatrice issue des formes de la féminité (île, lune, eau) : île comme forme utopique (cf Platon ou Thomas More), elle est ici, avec ses excavations, une matrice ; poétique de la lune, figure de la fécondité, de la maternité, de la famille et du temps ; eau, élément de vie, de pureté, de bonheur.
  • le recours à l'érotique et la fascination (esthétique) du pornographique, en espérant qu'il ne s'agit pas uniquement d'une vocation commerciale.
ah oui, une dernière chose encore : pour cette dernière raison, à réserver à un public averti !

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