dimanche 11 novembre 2012

The Smallest Show on Earth (sous le plus petit chapiteau du monde)


"Samoa, Samarra, Samarkand,... Sloughborough!"
  
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Charmante comédie "ciné-flea-lique", The Smallest Show on Earth prend, bien sûr, à contrepied la spectaculaire production demillienne auquel son titre fait explicitement référence. Produit par Michael Relph(1), il s'agit du second scénario(2) co-écrit par l'Anglais John Eldridge avec le natif du Missouri et futur oscarisé William Rose (The Ladykillers) au sujet vaudevillesque plus classique que ceux réalisés à cette époque par Basil Dearden. Dynamique, plutôt original, il ne dissimule néanmoins pas l'influence des productions Ealing (Passport to Pimlico...) dans lesquels les anciennes technologies sont souvent célébrées, les valeurs mercantiles décriées. The Smallest Show on Earth est aussi le premier film britannique(3) réunissant Virginia McKenna et son époux en secondes noces Bill Travers.
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Un matin, le jeune romancier non publié Matthew Spenser reçoit une lettre de l'étude Simpson, Carter & Son lui annonçant le décès de son grand-oncle Simon qu'il ne connaît même pas et dont il est l'unique héritier. Accompagné par son épouse Jean, Matt part aussitôt en train pour Sloughborough où le défunt possédait un cinéma. Lorsque le taxi qui les emmène de la gare à l'étude passe devant le "Grand", présumé seule salle de cinéma de la localité, l'enthousiasme du couple est à son comble. Mais l'entrevue avec Robin Carter et la visite du "Bijou", surnommé 'The Flea Pit', dissipent rapidement leur méprise. Située entre deux voies suspendues de chemin de fer, la désuète et vétuste salle n'accueille plus le public depuis bien longtemps. Le défunt avait pourtant refusé l'offre inespérée de cinq mille livres sterling formulée par son concurrent, M. Albert Hardcastle, intéressé par le terrain occupé par "The Bijou" pour en faire un parking. Après avoir ri au rappel de cette ancienne proposition, celui-ci la ramène au dixième, consentant à aller jusqu'à sept cent cinquante livres, soit le montant précis des dettes de la succession. Pour obtenir un meilleur prix, Carter suggère à Matt de simuler la réouverture du "Bijou" après quelques indispensables travaux. Le lendemain, les Spencer rencontre les trois vieux employés du cinéma, Mrs. Fazackalee chargée de la caisse et de la comptabilité, le projectionniste Percy Quill porté sur le whisky et 'Old Tom' le portier, laissés dans l'ignorance du stratagème.
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Nommé aux BAFTA 1958(4), le scénario fait évidemment la part belle à ces bonnes vieilles séances de cinéma de quartier, dans la réalité parfois au moins aussi chaotiques que celles affichées(5) dans The Smallest Show on Earth. Comment, au passage, un véritable cinéphile pourrait-il rester insensible aux charmes d'un tel sauvetage patrimonial, prenant également la forme d'une a priori inégale compétition entre héritiers-déshérités et affairiste "sentimental" ? Les compromis moraux constituent la plus notable différence de cette comédie avec les productions étasuniennes comparables. Aux côtés de la pétillante Virginia McKenna et de l'expressif Bill Travers, les participations de Margaret Rutherford (The Happiest Days of Your Life), de Peter Sellers avant que sa carrière ne soit définitivement lancée grâce à I'm All Right Jack, du leanien Bernard Miles ou encore de Leslie Phillips et de Francis De Wolff enrichissent gaiement le désordre entretenu avec soin par le film.
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1. ancien directeur artistique des studios Ealing (et donc déjà, à ce titre, régulier collaborateur de Basil Dearden, en particulier sur Saraband for Dead Lovers) passé à la production, notamment associé au mémorable Kind Hearts and Coronets.
2. après le drame aéronautique The Man in the Sky de Charles Crichton, sorti trois mois plus tôt.
3. précédé par l'étasunien The Barretts of Wimpole Street de Sidney Franklin avec Jennifer Jones dans le rôle principal.
4. en lice face... à "l'indéboulonnable" Bridge on the River Kwai.
5. successivement "Killer Riders of Wyoming", "The Mystery of Hell Valley", "Devil Riders of Parched Point" mais aussi la projection privée de l'authentique et muet Comin' Thro the Rye (version 1923) de Cecil M. Hepworth.

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