vendredi 13 juillet 2012

The Apartment (la garçonnière)


"That's the way it crumbles... cookie-wise."

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A partir de The Apartment, Billy Wilder entame une série de quatre films plus personnels, tournés en Cinemascope et en n&b. Troisième collaboration(1) du cinéaste d'origine austro-hongroise avec le natif roumain I.A.L. Diamond, cette comédie dramatico-romantique aborde à nouveau, avec radicalisme et un cynisme plus aigu, le thème facial de l'adultère. Une étude de mœurs, qui sonde au fond les relations d'influence et de pouvoir au sein de l'entreprise, centrée autour d'un personnage imaginé par les co-scénaristes pour être interprété par Jack Lemmon associé pour la première fois à la délicieusement talentueuse Shirley MacLaine(2). Et si les membres des Academy Awards leur ont préféré (à tort ou à raison !) Burt Lancaster et Elizabeth Taylor, The Apartment fut récompensé à cinq reprises(3) lors de la 33e cérémonie des "Oscars" avant d'entrer, en 1994, au National Film Registry.
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Employé depuis presque quatre ans au dix-neuvième étage d'une très grosse (par les effectifs) compagnie d'assurance, Calvin Clifford Baxter surnommé 'Bud(dy)' dispose, un peu malgré lui, du moyen de connaitre une probable promotion accélérée. Le jeune célibataire prête en effet son petit logement à quatre supérieurs hiérarchiques afin qu'ils puissent y organiser leurs périodiques rendez-vous galants. Outre d'involontaires et gracieuses heures supplémentaires, de quelques appréciations favorables, cette libéralité ne s'est, pour le moment, traduite par aucun avantage, bien au contraire. Ses invités tardent à libérer le lieu, consomment ses alcools et apéritifs ou encore négligent de respecter la tranquillité de la logeuse et des voisins les Dreyfuss, lesquels prennent Baxter pour un séducteur invétéré, voire obsessif.
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Joe Dobisch n'hésite pas à le sortir du lit pour conclure une "affaire" jugée exceptionnelle, obligeant l'infortuné subalterne à patienter au début de l'hiver sur un banc de Central Park. Le lendemain, l'enrhumé Baxter est convoqué chez Jeff D. Sheldrake. Après avoir fait mine de l'interroger sur les véritables raisons de la popularité d'un simple agent chargé de primes ordinaires, le directeur du personnel lui exprime le souhait de pouvoir emprunter, le soir même, son appartement, lui offrant deux places de théâtre réservées à l'occasion d'un prétendu déplacement d'un directeur de Kansas City. Baxter en profite alors pour inviter Fran Kubelik, l'une des liftières de la compagnie. Mais il attend en vain la jolie jeune femme, finalement retenue par l'amant marié de celle-ci... Sheldrake.
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"Be a mensch!" L'injection résume assez bien le développement du film. The Apartment ne narre-t-il pas la progressive prise de conscience d'un personnage un peu falot mais attachant ? C.C. Baxter y passe lentement mais surement du statut d'"idiot utile", innocente victime de circonstances et d'ambitions futiles dans un environnement corrompu, à celui d'un individu susceptible de fixer, quel qu'en soit le coût, ses priorités. Lieu impersonnel et masculin (surtout dans sa paradoxale traduction française !), The Apartment constitue, en tant que vecteur narratif, l'instrument d'une gent masculine manœuvrière. Pourtant, comme presque toujours chez Billy Wilder digne élève de Lubitsch, ce sont les femmes qui animent et font évoluer le récit. En cinq minutes chrono, le réalisateur pose l'intrigue avec habileté, élégance et humour ; le spectateur ne peut opposer aucune résistance à la vitalité et à l'intelligence de sa mise en scène. Jack Lemmon, dans un registre sensiblement plus nuancé qu'à l'accoutumé, et Shirley MacLaine, toute en grâce et légèreté, achèvent de nous enthousiasmer, d'autant que les autres acteurs, en particulier Jack Kruschen (dans un rôle écrit pour Lou Jacobi retenu par ses engagements à Broadway) et Hope Holiday (épouse esseulée d'une séquence réellement hallucinante), se montrent tout à fait à la hauteur.
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2. l'actrice avait reçu une "Copa Volpi" à Venise en septembre 1960 à laquelle s'était ajoutés un "Golden Globe" puis un BAFTA, deux prix également décernés à son partenaire.
3. meilleurs film, réalisateur, scénario original, montage et décors sur un total de dix nominations.

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