Revue dans la foulée d'un énième visionnage d'Escape from New York... et parce que nous sommes bientôt en 2013 ! Cette suite ne
présente qu'un intérêt très mineur. Carpenter est joueur, mais il fait
ici dans la caricature absurde, parfois grotesque. Aucune réelle
cohérence narrative (on peut même parler de confusion) ni tension
contrairement au film précédent, des personnages sans substance, y
compris 'Snake' Plissken. Seul élément un tant soit peu amusant, celui
de la "retouchée" Hershe Las Palmas tenue par Pam Grier.
jeudi 13 décembre 2012
jeudi 22 novembre 2012
Blow Out
"You think anybody is going to believe that?"

Vrai thriller, bien qu'il soit le moins hitchcockien
des trois films de Brian De Palma
produits par George Litto
, Blow Out
expose d'emblée ses claires orientations. L'éclectique cinéphilie du
réalisateur, son goût pour la technique et pour un voyeurisme certain,
perceptibles dès le début de sa carrière, n'ont échappé à personne. Ils
prennent ici un tour nouveau, déterminant sur le plan narratif.
L'intention de De Palma
, véritable gageure, est simple : transposer sur le plan sonore le concept à l'origine de l'énigmatique Blowup
, la première œuvre anglo-saxonne de Michelangelo Antonioni
. En dépit de ses évidentes qualités et de moyens significatifs(1), l'audience de Blow Out
est restée très en deçà de celle connue par Dressed to Kill
l'année précédente. Il reste toutefois l'une des productions les plus intéressantes(2) de cette période, arrivée à son terme, du cinéaste.










Sonoriste pour de très mauvais films, Jack Terry
part une nuit à la chasse aux sons en dehors de la ville. Sa présence
inexpliquée sur une passerelle surplombant un cours d'eau gêne un couple
enlacé, moins la faune, batraciens ou rapaces nocturnes, qui fréquente
le site choisi. Des crissements de pneus attirent l'attention de Terry,
ponctués par une forte détonation. Le conducteur perd aussitôt le
contrôle de son véhicule qui percute la barrière et bascule dans la
rivière. Terry descend sur la berge, ne remarquant pas un homme
dissimulé sous le pont qui s'esquive, puis plonge pour secours aux
occupants de l'automobile. La passagère, bloquée à l'intérieur presque
empli d'eau, l'implore ; le chauffeur est mort sur le coup. A l'aide
d'une pierre, Terry parvient à briser une vitre, sauvant la
jeune femme inconsciente. Aux urgences de l'hôpital, il relate les faits
à l'inspecteur chargé de l'interroger, affirmant avoir entendu une
détonation avant l'éclatement du pneumatique et détenir un
enregistrement de l'accident. Questionné par Terry sur les raisons de l'inhabituelle agitation, un policier lui révèle l'identité de la victime de l'accident, le gouverneur George McRyan,
favori des sondages pour les primaires face président sortant. Un ami
et proche collaborateur du défunt convainc confidentiellement Terry, pour éviter un scandale, de ne pas évoquer la présence de la passagère. Dans le motel où il a emmené la rescapée Sally, Terry
écoute plusieurs fois la séquence de l'éclatement du pneu. Il devient
alors évident qu'il a été provoqué par le tir d'une arme à feu. Au même
moment, un individu remplace la roue du véhicule-pièce à conviction.

"It's a very good scream!"
Une ironique lecture au second degré pourrait aisément faire croire que
la presque quasi totalité du métrage consiste en la découverte d'un son
idoine. A la différence de Dressed to Kill
, Blow Out
ne se soumet pas explicitement à des consignes et "je(ux)" cinématographiques. Ce qui n'exclut pas pour autant une astucieuse interaction entre récit (autour des thèmes de la vérité - et son éventuel "éclatement" -, du complot et du rôle des médias) et forme. La contribution du directeur de la photographie Vilmos Zsigmond
se révèle d'ailleurs essentielle(4).
La première partie, à bien des égards brillante, suscite un réel
enthousiasme, en particulier la séquence de reconstitution mentale des
événements à partir de l'enregistrement sonore. La seconde, un peu
confuse et laborieuse, est en revanche moins convaincante à l'exception
de quelques fugitifs épisodes ; une impression accentuée par les
prestations un peu insipides de John Travolta
(5) et de Nancy Allen
.





___
1. un budget presque multiplié par trois comparé celui de Dressed to Kill
.

2. 12M$ de recettes seulement contre près de 32M$.
3. avec Phantom of the Paradise
et Carrie
.


4. l'influence visuelle (notamment les colorations rougeâtres) du Peeping Tom
de Michael Powell
est assez patente.


5. second choix de De Palma
après Al Pacino
(futur interprète de Scarface
) indisponible. Le second rôle et partenaire de Nancy Allen
dans Carrie
, vedette des chorégraphiques Saturday Night Fever
et de Grease
, souffrait d'insomnie pendant le tournage, possible explication à sa relative apathie.







mercredi 21 novembre 2012
Darling (darling chérie)
"I always feel as if there's one more corner to turn, and I'll be there."

Histoire de femme imaginée par trois hommes, Darling
se démarque sensiblement des deux précédents films de John Schlesinger
. Tour à tour comédie de mœurs et satire sociale, il préfigure assez bien les transformations (en particulier celles issues de la deuxième vague féministe) en gestation au cours des années 1960 au sein de la société occidentale(1).
Ce caractère précurseur et original explique d'ailleurs son explicite
citation, parmi quelques autres productions britanniques de cette
époque, dans le documentaire étasunien A Decade Under the Influence
relatif à la décennie suivante. Présenté en première au 4e Festival de Moscou (avant de sortir aux Etats-Unis puis en Grande-Bretagne), Darling
a été successivement récompensé par quatre BAFTA(2) et trois "Oscars"(3) en mars-avril 1966.





Une jeune femme relate, dans le cadre d'une série d'émissions intitulée "Ideal Woman", son existence. Au centre des attentions dès six ans, Diana Scott avait à vingt ans été choisie dans la rue pour répondre à quelques questions du journaliste de télévision Robert Gold.
Celui-ci l'avait ensuite invitée à voir le programme avant sa
diffusion, leur ludique amitié et complicité intellectuelle évoluant peu
après vers une relation amoureuse. Epouse du gentil mais immature Tony, Diana était donc devenue l'amante de Robert, marié à Estelle la mère de ses deux enfants, à l'occasion d'un déplacement pour un entretien avec l'écrivain Southgate.
L'un et l'autre avait ensuite quitté son conjoint pour emménager dans
un appartement londonien. Gagné par la routine, le couple adultère
vivait également ses premières crises, de jalousie notamment, Diana reprochant à Robert
de passer trop de temps avec ses enfants et, par conséquent, son
épouse. Elle avait pourtant repoussé la proposition de mariage de son
compagnon. La nouvelle ambassadrice de la marque Honeyglow avait néanmoins trouvé opportun de devenir la maitresse de son mentor, le mondain et narcissique Miles Brand, éminence grise de l'homme d'affaires Charles Glass et influent dans le showbiz.

Portrait contrastée d'une séduisante arriviste (sorte de courtisane égarée dans la deuxième moitié du XXe siècle) ou d'une illusionnée en quête presque désespérée du bonheur ? Difficile de trancher radicalement. Le script de Frederic Raphael(4) ne manque en effet pas de contradictoires, impudiques voire provocatrices énergies. Le titre même(5), la séquence du générique(6) ou le sujet abordé(7) lors du tout premier échange entre Diana et Robert
ne sont, à ce propos, évidemment pas anodins, fondant d'emblée le récit
sur le paradoxe. Plus cérébral, sophistiqué et artistiquement ambitieux
que le godardien
Masculin, féminin
auquel il fait penser, cette troisième collaboration entre Joseph Janni
et John Schlesinger
traduit remarquablement bien les motifs et limites de la (subversive ?) contestation contemporaine du modèle relationnel classique au profit d'un obstiné (et illusoire ?) hédonisme. Autour de la "merveilleuse, absolument adorable"(8) Julie Christie
, trois (quatre !) hommes entretiennent une distanciée rivalité. En premier lieu les distingués Dirk Bogarde
(Victim
, The Servant
) et Laurence Harvey
(Room at the Top
, The Manchurian Candidate
) réunis pour cette unique occasion. Notons enfin la qualité de la photographie de Kenneth Higgins, chef-op. sur Terminus
, à l'œuvre après deux films tournés par Denys N. Coop
.













___
1. en 1965, date de la réforme des régimes matrimoniaux en France,
les femmes peuvent enfin prendre un emploi sans autorisation préalable
de leur mari et disposent désormais librement de leurs biens propres.
2. meilleurs acteur (Dirk Bogarde
), actrice, décors et scénario britanniques sur six nominations (film et photographie N&B).

3. meilleurs scénario original, actrice principale et costumes (N&B) sur cinq nominations (film et réalisateur).
4. scénariste de Two for the Road
, adaptateur de Far from the Madding Crowd
du même Schlesinger
et de Eyes Wide Shut
.




5. "Darling" peut traduire soit de l'affection, réelle ou simulée,
soit de l'amour ; le terme signifie aussi une préférence. C'est aussi le
titre d'un roman
porté à l'écran par Christine Carrière
avec Marina Foïs
dans le rôle-titre.



6. une affiche annonçant "Ideal Woman" recouvre un appel au secours humanitaire du peuple africain.
7. le conformisme.
8. ... enchanting, sexy, alive, vibrant, astute, clever and knowledgeable" selon Laurence Harvey
.

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