"Jerry : Vous ne comprenez pas, Osgood ! Aaah... Je suis un homme !
Osgood : Et bien, personne n'est parfait." (Some Like It Hot)
C'est l'histoire de l'homosexualité dans le cinéma anglo-saxon (essentiellement américain) que se propose de dresser Celluloid Closet. Réalisé par deux spécialistes du documentaire et de l'homosexualité en particulier (notamment leur Common Threads: Stories from the Quilt), le film repose sur le travail de recherche de Vito Russo,
auteur de l'ouvrage homonyme. Près d'un siècle de cinéma est passé en
revue, 120 extraits de films et plusieurs témoignages de producteurs,
réalisateurs, scénaristes et acteurs illustrent ce plaidoyer.
L'intérêt
majeur du documentaire réside à la fois dans la démonstration de la
présence de l'homosexualité dans des films qui ne sont pas sensés
l'aborder, nous permettant de les voir avec un regard différent, mais
aussi dans les modes d'évocation de ce thème qui n'ont cessé d'évoluer
dans le temps. De la représentation comique de la "tapette" des années 40, du travesti burlesque (mais pas toujours : voir Morocco avec Marlene Dietrich par exemple) qui traverse le cinéma sans discontinuer, à celle, plus complexe, du malaise (The Children's Hour) ou de la perversion (Suddenly, Last Summer)
des gays et lesbiennes qui caractérisent les années 70, le cinéma a
accompagné les bouleversements socioculturels plus qu'il ne les a
précédé. Encadré par le code Hays d'autocensure des années 30 à
60, les professionnels du cinéma ont, le plus souvent, dû avoir recours
au sous-entendu ou à la suggestion, voire au symbolisme parfois un peu
abstrait pour éviter la réécriture du scénario ou la suppression de
séquences. On apprend, ainsi, que le scénariste de Ben-Hur, Gore Vidal, a réussi à créer une relation amoureuse entre le personnage titre et Massala grâce à la complicité de Stephen Boyd et à l'insu de Charlton Heston. Intéressant, également, la présentation d'une scène coupée de Spartacus entre Laurence Olivier et Tony Curtis, commentée par ce dernier.
L'homosexualité s'affranchit dans les années 80 des limitations dans lesquelles elle était cantonnée (Cabaret, Making Love puis Philadelphia), sans pour autant éviter de figurer comme maladie mentale ou délinquance (Cruising). La principale faiblesse de Celluloid Closet est de ne pas explorer le cinéma international, européen notamment. Des citations de Fellini, Pasolini, Fassbinder, Ingmar Bergman, Nagisha Oshima ou Bertrand Blier auraient été bienvenues. De grands absents également dans la liste des films retenus : le Reflections in a Golden Eye de John Huston et le cinéma de Paul Morrissey entre autres.
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