Expedition: Bismarck (bismarck)

"La peur coule dans le fer et dans le sang." (chancelier Bismarck)

L'expédition Bismarck de James Cameron

Bien qu'il ait été diffusé à la télévision américaine avant la sortie en salles de Ghosts of the Abyss, Bismarck a été tourné après lui et réalisé grâce aux acquis techniques et expérimentaux qu'il a permis. Le 19 mai 2002, James Cameron et son équipe de 32 techniciens et scientifiques embarquent à bord du navire russe Academic Mstislav Keldysh dans le port de Kiel (Allemagne). Novation par rapport à son précédent documentaire : il emmène avec lui des survivants des faits historiques relatés. Les trajets du Keldysh et du Bismarck sont identiques. Le premier arrive sur les lieux du naufrage du second le 27 mai, très précisément 61 ans après cet événement. Le 28 mai, une première plongée est entreprise. La durée de la descente vers les près de 5 km de fond est de 3 heures ; le Bismarck, dans d'autres circonstances, n'avait mis que 10 mn environ pour l'atteindre.

A partir de documents d'archives, de reconstitution scénarisées, d'images de synthèse ou celles recueillies par les sous-marins du Keldysh et par les caméras construites par son frère Mike, James Cameron nous fait découvrir, en un peu moins d'une heure trente, la réalité d'une bataille capitale qui s'est tenue au large des côtes bretonnes et perce définitivement le secret de la perte du Bismarck par la marine allemande, plusieurs versions s'opposant depuis cette époque.

Un très intéressant travail historique et scientifique, comme on aimerait en voir plus souvent en DVD.

Un peu d'histoire

Le chancelier Otto von Bismarck (1815-­1898) est un des fondateurs de l'unité allemande. Président du Conseil en 1863, il assura la prééminence de la Prusse sur les autres états de la confédération germanique. Il n'est donc pas surprenant que son nom soit associé à un navire de guerre qui était, tout à la fois, la démonstration du savoir-faire technologique et industriel de l'Allemagne nazie et un symbole de l'unité du Reich en construction. Il faut, toutefois, préciser que cinq bâtiments, bien moins martiaux, ont été baptisés du même nom avant sa construction. Aucun navire ne portera ce nom après lui.

Les travaux débutent en 1936, sur les chantiers navals Blohm & Voss de Hambourg. Lancé le 14 février 1939, il est définitivement achevé en août 1940 et placé sous l'autorité du capitaine Ernst Lindemann. Le 5 mai 1941, Adolf Hitler effectue une visite de quatre heures du Bismarck accompagné du fieldmarshal Wilhelm Keitel et de l'amiral Günther Lütjens. Après une période d'essais, le Bismarck est opérationnel le 19 mai 1941. Aussi long que le Titanic, plus large de 10 mètres et près de deux fois plus lourd, la nouvelle "perle" de la marine allemande peut atteindre une vitesse de 30 noeuds grâce à ses moteurs qui développent 150 000 chevaux. Il est équipé de quatre tourelles de deux canons de 380 mm qui porte la destruction à plus de 25 km de distance. Enfin, fabriqué avec un blindage particulièrement épais, il est considéré, à son lancement, comme quasiment indestructible.

Celui qui est qualifié d'"étoile de la mort de son temps" participe à sa première opération (Rheinübung) qui vise à détruire les convois d'approvisionnement vers l'Angleterre. Il envoie par le fond le croiseur Hood de la Royal Navy ; seuls trois membres de l'équipage de ce dernier sont sauvés sur les 1 419 marins, ce qui déclenche aussitôt une riposte, décidée par le premier ministre Winston Churchill, qui envoie à sa poursuite le Rodnay et le King George appuyés par cent bâtiments de toutes tailles. Après une chasse de 2 000 miles et un pilonnage de plus d'un heure et demie, utilisant 2 876 pièces d'artillerie, le Bismarck, devenu d'abord non manoeuvrant par l'explosion d'une torpille aéroportée contre son gouvernail, est coulé, officiellement par le Dorsetshire, à 400 miles de Brest. Cent hommes d'équipage sont sauvés par la marine anglaise. Cette bataille sonne le glas des cuirassés, trop vulnérables à l'aviation, remplacés, dès 1942, par les portes-avions. L'épave du Bismarck est repéré pour la première fois en 1989.

A noter, enfin, que deux films ont été consacrés à cette page de la Seconde Guerre Mondiale : le Sink the Bismarck! de Lewis Gilbert (avant qu'il ne s'occupe de quelques épisodes de James Bond) sur un scénario tiré de l'ouvrage de C.S. Forester. Et un documentaire pour la télévision de 1996 qui porte le même titre, produit et diffusé par la chaîne du câble spécialisée A&E Television Networks Inc., détenue par un joint venture qui réunit NBC, Hearst et ABC Cables.