"Il paraît que ça porte bonheur d'être cocu : je vais les mettre à genou."
Après avoir participé à la rédaction du scénario de L'Envol de Steve Suissa en 2000, l'ancien journaliste (Première et Studio magazine) Marc Esposito a réalisé son premier film de fiction sorti en avril dernier, un réel succès en salles (env. 1,5 millions de spectateurs), sensiblement équivalent au 18 ans après de Coline Serreau (produit également par Bac Films) ou au 7 ans de mariage de Didier Bourdon.
Il semble donc que le cinéma français, pour rencontrer son public,
doive explorer le sillon de la comédie, tantôt pure, tantôt romantique
comme ici, mettant en scène des couples (y compris masculins : Chouchou, Tais-toi !) ou des groupes. Esposito reconnaît lui même apprécier et avoir songé aux comédies italiennes des années 70 ou au cinéma de Claude Sautet (Vincent, François, Paul... et les autres) ou d'Yves Robert (Un éléphant ça trompe énormément).
Histoire d'amitiés et d'amours, Le Cœur des hommes dresse le portrait de quatre quadra-quinquagénaires : Antoine (Bernard Campan), simple et sympathique, trompé par sa femme, Jeff (Gérard Darmon), truculent assagi patron d'un magazine de sport, divorcé et amant d'une jeune femme très attachée, Alex (Marc Lavoine), son associé, marié mais un peu excité de la braguette et Manu (Jean-Pierre Darroussin), charcutier-philosophe (de droite ?),
divorcé, séparé et pourtant toujours prêt, malgré ses dires, à aimer.
Ce sont les relations entre ces quatre personnages et, accessoirement,
avec leur(s) compagne(s) que le film met en relief, stigmatisées par le
départ d'Antoine de son foyer parce qu'il ne peut pas admettre
l'égarement adultère de son épouse. Cette nouvelle situation, qui a
probablement été précédée par nombre de péripéties semblables dans le
passé commun de cette bande, ajoutée au décès du père de Manu,
vont permettre aux protagonistes de repartir sur de nouvelles bases, les
inciter à s'interroger sur ce qu'ils désirent vraiment. Au final, Le Cœur des hommes est un éloge de la sagesse et de la maturité.
La mise en scène d'Esposito
est maîtrisée. Fondée essentiellement sur des plans fixes, c'est le
montage et la direction d'acteurs qui donne de l'intérêt du film. Le
réalisateur est parvenu à faire "vivre" son groupe d'acteurs de manière
cohérente et attachante, probable clé du succès du film. La distribution
ne souffre d'aucun déséquilibre. On apprécie de retrouver Campan dans un rôle sensible après son personnage de Philippe dans Se souvenir des belles choses de Zabou Breitman l'année dernière. L'actif Darroussin est son brillant alter ego positif, sûr et réfléchi. La galerie de portraits féminin est réussie, avec une mention spéciale à Ludmila Mikaël et à Zoé Félix,
seule véritable héroïne du film... peut-être le personnage préféré de
son créateur ! Le recours régulier à la photographie de ciels ou de
lieux qui assure les transitions est un gimmick un peu
superflu, sorte de respiration dans une narration qui n'est pas très
étouffante par sa densité. Peut-être n'est-il qu'une simple illustration
du temps.
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