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"- ... Capables de tout ils sont.
- Capables du meilleur aussi, chef."
Souvent rapproché d'Un Condamné à mort s'est échappé (1956) de Robert Bresson, le treizième et dernier long métrage de fiction réalisé par Jacques Becker1 en constitue pourtant une antithèse. Adapté du premier roman paru en 1957 de Joseph Damiani alias José Giovanni, Le Trou est devenu une des références du film de prison2. Louée par Jean-Pierre Melville, défendue au moment de sa sortie par François Truffaut, cette production franco-italienne conduite par Serge Silberman narre la tentative d'évasion menée en 1947 par Jean Keraudy, qui introduit ce récit autobiographique, Damiani3 et leurs trois autres compagnons de cellule. Le scénario, co-signé par Becker, José Giovanni et Jean Aurel (cinéaste né roumain, futur collaborateur de Truffaut), privilégie à l'évidence un réalisme quasi documentaire sans pour autant négliger la dimension dramatique.
En raison de travaux effectués dans une partie de la prison de la Santé, Claude Gaspard est amené à changer de cellule. Il rejoint ainsi celle déjà occupée par Vossellin dit 'Monseigneur', Roland Darbant, Manu Borelli et Geo Cassine, tous condamnés à de lourdes peines ou à mort. Le courtois jeune homme, inculpé de tentative d'homicide avec préméditation sur son épouse, est assez vite accepté et intégré au groupe. Borelli lui confie bientôt leur projet d'évasion. Avec des outils de fortune dont celui permettant la surveillance du couloir, débute un soir le percement d'une petite zone du plancher menant au sous-sol. Un passage dans un mur doit ensuite être creusé afin d'accéder à la partie libre des égouts. De longs et pénibles travaux conditionnés par les rondes de gardiens mais aussi placés sous la menace de fouilles inopinées.
Les particularités des individus, la cohésion et les risques de dispersion du collectif qu'ils forment sont remarquablement élaborés par Jacques Becker. A l'aide de gros plans, de cadrages ciselés, l'ex-assistant de Jean Renoir parvient à nous révéler la nature de l'intimité nouée entre les personnages. Le soin du détail, de la durée (à l'exemple du plan-séquence de quatre minutes au moment du percement du premier trou) frappent d'emblée. La qualité des éclairages et de la photographie de Ghislain Cloquet4 doit également être soulignée. Composé de débutants ou presque, le quintette d'acteurs (Philippe Leroy, Marc Michel5, Raymond Meunier, Michel Constantin et Jean Keraudy) réuni par Becker se révèle tout simplement excellent ; Jean-Paul Coquelin et André Bervil tiennent les principaux seconds rôles, on relève aussi les brèves apparitions de Paul Préboist, Gérard Hernandez ou encore Catherine Spaak6. On regrette fortement, pour ces différentes raisons, la perte des coupures (vingt-quatre minutes) opérées pour des raisons commerciales par la production avant la sortie initiale.
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1. décédé avant l'exploitation du film en salles (précédant de quelques semaines celle de Classe tous risques, tiré d'un autre livre de Giovanni par Claude Sautet).
2. parmi lesquels se distinguent The Great Escape (1963) de John Sturges, Papillon (1973) de Franklin J. Schaffner, Midnight Express (1978) d'Alan Parker, Escape from Alcatraz (1979) de Don Siegel, Down by Law (1986) de Jim Jarmusch, The Shawshank Redemption (1994) de Frank Darabont, Celda 211 (2009) de Daniel Monzón, Dog Pound (2010) de Kim Chapiron ou encore Starred Up (2013) de David Mackenzie.
3. condamné à une première peine de vingt ans de travaux forcés pour collaboration avec l'occupant avant son procès en assises pour un triple meurtre.
4. qui travaillera ensuite avec Robert Bresson et Louis Malle notamment.
5. futur interprète de Roland Cassard dans les deux premier volets du triptyque Lola-Les parapluies de Cherbourg-Model Shop de Jacques Demy.
6. la brève scène, dans le parloir de la prison, jouée par la fille du scénariste Charles Spaak lança cependant sa carrière italienne.
En raison de travaux effectués dans une partie de la prison de la Santé, Claude Gaspard est amené à changer de cellule. Il rejoint ainsi celle déjà occupée par Vossellin dit 'Monseigneur', Roland Darbant, Manu Borelli et Geo Cassine, tous condamnés à de lourdes peines ou à mort. Le courtois jeune homme, inculpé de tentative d'homicide avec préméditation sur son épouse, est assez vite accepté et intégré au groupe. Borelli lui confie bientôt leur projet d'évasion. Avec des outils de fortune dont celui permettant la surveillance du couloir, débute un soir le percement d'une petite zone du plancher menant au sous-sol. Un passage dans un mur doit ensuite être creusé afin d'accéder à la partie libre des égouts. De longs et pénibles travaux conditionnés par les rondes de gardiens mais aussi placés sous la menace de fouilles inopinées.
Les particularités des individus, la cohésion et les risques de dispersion du collectif qu'ils forment sont remarquablement élaborés par Jacques Becker. A l'aide de gros plans, de cadrages ciselés, l'ex-assistant de Jean Renoir parvient à nous révéler la nature de l'intimité nouée entre les personnages. Le soin du détail, de la durée (à l'exemple du plan-séquence de quatre minutes au moment du percement du premier trou) frappent d'emblée. La qualité des éclairages et de la photographie de Ghislain Cloquet4 doit également être soulignée. Composé de débutants ou presque, le quintette d'acteurs (Philippe Leroy, Marc Michel5, Raymond Meunier, Michel Constantin et Jean Keraudy) réuni par Becker se révèle tout simplement excellent ; Jean-Paul Coquelin et André Bervil tiennent les principaux seconds rôles, on relève aussi les brèves apparitions de Paul Préboist, Gérard Hernandez ou encore Catherine Spaak6. On regrette fortement, pour ces différentes raisons, la perte des coupures (vingt-quatre minutes) opérées pour des raisons commerciales par la production avant la sortie initiale.
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1. décédé avant l'exploitation du film en salles (précédant de quelques semaines celle de Classe tous risques, tiré d'un autre livre de Giovanni par Claude Sautet).
2. parmi lesquels se distinguent The Great Escape (1963) de John Sturges, Papillon (1973) de Franklin J. Schaffner, Midnight Express (1978) d'Alan Parker, Escape from Alcatraz (1979) de Don Siegel, Down by Law (1986) de Jim Jarmusch, The Shawshank Redemption (1994) de Frank Darabont, Celda 211 (2009) de Daniel Monzón, Dog Pound (2010) de Kim Chapiron ou encore Starred Up (2013) de David Mackenzie.
3. condamné à une première peine de vingt ans de travaux forcés pour collaboration avec l'occupant avant son procès en assises pour un triple meurtre.
4. qui travaillera ensuite avec Robert Bresson et Louis Malle notamment.
5. futur interprète de Roland Cassard dans les deux premier volets du triptyque Lola-Les parapluies de Cherbourg-Model Shop de Jacques Demy.
6. la brève scène, dans le parloir de la prison, jouée par la fille du scénariste Charles Spaak lança cependant sa carrière italienne.
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