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"Popeye. You still picking your feet in Poughkeepsie?"
Probablement moins apprécié aujourd'hui qu'il ne l'était au cours des quatre décennies précédentes, ce polar produit par Philip D'Antoni (Bullitt) reste, à mon sens, l'un des valeureux représentants du genre (toutes époques confondues) et le meilleur film de William Friedkin. Adapté du roman1 de Robin Moore (The Green Berets) par Ernest Tidyman2 (auteur de Shaft), The French Connection est pourtant un film insolite, désarmant (voire excentrique !) au cours des deux premiers tiers du métrage. Par contraste, la dernière partie suscite d'ailleurs l'estime à l'égard du cinéaste formé par le documentaire. Mais il existe presque toujours un déroutant décalage, découplage entre les deux trames narratives (le déroulement de l'opération d'export-import puis de cession d'héroïne, l'enquête policière incidente) entrecroisées. Le rôle de Jimmy 'Popeye' Doyle3 permettait à Gene Hackman de recevoir, aux côtés de Roy Scheider, de Fernando Rey4 et des Français Marcel Bozzuffi (Le Deuxième souffle, Z) et Frédéric de Pasquale (plusieurs fois dirigé par Julien Duvivier, acteur secondaire dans Le Pacha de Lautner), les premiers "Golden Globe" et "Oscar"5 (après deux nominations dans ce dernier cas) de sa carrière tout en consolidant sa réputation internationale. L'intrigant score du trompettiste de jazz Don Ellis et la photographie du Brooklynien Owen Roizman (avec lequel Friedkin collaborera une seconde fois pour The Exorcist) renforcent également l'intérêt de The French Connection entré en 2005 au National Film Registry. Une suite, réalisée par John Frankenheimer, a été produite à Marseille par la Fox quatre ans plus tard.
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1. "The French Connection: A True Account of Cops, Narcotics, and International Conspiracy" publié en 1969.
2. et Howard Hawks, contribution non créditée au générique.
3. refusé notamment par James Caan, Peter Boyle Steve McQueen et Robert Mitchum.
4. sa présence résulte d'une erreur du responsable de casting, Friedkin souhaitant au départ engager l'interprète espagnol remarqué dans Belle de jour (c'est à dire Francisco Rabal, partenaire de Rey dans Viridiana du même Buñuel).
5. partie des récompenses majeures (trois "Golden Globes" sur quatre nominations, cinq "Oscars" sur huit citations) obtenues.
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