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"I'd rather take a chance with them than deal with you."
Les films développant une réelle problématique industrielle sont suffisants rares pour nous inciter à soulever leur existence. En particulier lorsqu'ils possèdent les vertus d'authenticité et qualités artistiques du Red Ensign* de Jerome Jackson et Michael Powell. Le propos ouvertement patriotique**, celui du redémarrage des chantiers navals qui ont historiquement contribué à la puissance militaire britannique et à la gloire de l'empire colonial, ne constitue pas en soi un insurmontable handicap (même pour un spectateur français !). Il est, au demeurant, très vraisemblable que Jackson et Powell aient souhaité, à travers cette fiction, évoquer implicitement le sort du cinéma national, malmené par l'irrésistible concurrence étasunienne. Le duo de cinéastes, aidés pour les dialogues par Lawrence du Garde Peach, imaginent donc un capitaine d'industrie, David Barr, prêt à tout malgré les molles velléités des pouvoirs publics, les réticences de son conseil d'administration et les manœuvres déloyales d'un affairiste, pour relancer le chantier écossais dans lequel il est à la fois financièrement et activement investi.
La dimension documentaire de Red Ensign est très marquée, les nombreuses séquences tournées au milieu des ouvriers participant d'ailleurs à l'intérêt spécifique du film. A Leslie Banks et Carol Goodner (déjà partenaires dans Strange Evidence produit par Alexander Korda et The Fire Raisers), Jerome Jackson a associé Frank Vosper, le prince Gustav de Waltzes from Vienna d'Hitchcock et auquel Banks sera opposé dans The Man Who Knew Too Much. Les seconds rôles, parmi lesquels Alfred Drayton acteur régulier de Victor Saville, manquent d'occasion de se mettre en évidence. Red Ensign est enfin devenu, presque dix ans plus tard, un modèle pour les multiples courts métrages gouvernementaux destinées à promouvoir l'effort de guerre mais aussi pour l'adaptation The Shipbuilders produite et réalisée par John Baxter.
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*référence au pavillon arboré depuis le début du XVIIe siècle par la Royal Navy puis repris par la marine marchande.
**appuyé par l'emploi du "Vltava", le plus connu des six poèmes symphoniques du cycle "Má Vlast" écrit par le compositeur bohème Bedřich Smetana.
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