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"... I guess you're a hard case too."
Le deuxième film réalisé (en solo) pour le cinéma par Stuart Rosenberg me donne l'occasion de souligner la forte relativité de la notion1 de "chef-d'œuvre". Cette adaptation de son premier roman (en partie autobiographique, publié en 1965) par Donn Pearce, secondé par l'expérimenté cinéaste Frank Pierson, est assurément la plus connue et vantée des réalisations du New-yorkais, dont la carrière, rappelons-le, a surtout été accomplie avec un certain talent pour la télévision. Considéré isolément, Cool Hand Luke possède d'incontestables atouts, sa distribution étant le plus notable. Mais il ne peut rivaliser, tant sur le plan de l'intérêt intellectuel qu'à celui des qualités artistiques, avec les références de la catégorie (auxquelles I Am a Fugitive from a Chain Gang de Mervyn LeRoy a longtemps servi de modèle).
Les symboliques christiques, la figuration de l'insoumission (non-conformisme ?) et de l'entrave accentuées par l'adaptation, le thème de l'incapacité à communiquer, dont on cerne d'ailleurs mal l'expression dans le film, ont souvent fait l'objet de gloses diverses et variées... dans l'ensemble assez peu captivantes. Dans un contexte critique (celui de l'envoi de troupes massives au Viet-nam et d'émeutes raciales sur le territoire national) postérieur à celui de la narration située dans les années 1950, l'inadaptation à tout vie régl(ement)ée du personnage-titre (fils préféré de sa mère), son goût immodéré pour le défi, le bluff et l'exploit me semblent plus pertinents, en tout cas propices à alimenter un débat fécond et accrocheur.
L'adresse de Stuart Rosenberg, manifeste dans plusieurs épisodes de séries télévisées dont il a assuré la direction, ne peut raisonnablement être contestée. On regrette néanmoins qu'il ait voulu la rendre ici, avec la complicité du talentueux cinématographe Conrad L. Hall2, trop visible, presque ostentatoire. Originale, la partition de Lalo Schifrin restera sans doute comme l'une des moins identifiables du compositeur. L'interprétation de Paul Newman3 mérite (est-ce surprenant ?) toutes les éloges. Lumineux, impliqué, le natif de l'Ohio, orphelin de père à vingt-cinq ans et devenu comédien par conviction, maitrise toujours davantage son art avec une maturité plus affirmée. On se réjouit également qu'il ait contribué à mettre en valeur le jeu de George Kennedy (à l'affiche, la même année, de The Dirty Dozen), justement récompensé par un "Oscar". Parmi les autres acteurs secondaires apparaissent notamment J.D. Cannon, la kazanienne Jo Van Fleet4, (Harry) Dean Stanton et Dennis Hopper (sans une ligne de réplique !). Cool Hand Luke est entré en 2005 au National Film Registry.
Les symboliques christiques, la figuration de l'insoumission (non-conformisme ?) et de l'entrave accentuées par l'adaptation, le thème de l'incapacité à communiquer, dont on cerne d'ailleurs mal l'expression dans le film, ont souvent fait l'objet de gloses diverses et variées... dans l'ensemble assez peu captivantes. Dans un contexte critique (celui de l'envoi de troupes massives au Viet-nam et d'émeutes raciales sur le territoire national) postérieur à celui de la narration située dans les années 1950, l'inadaptation à tout vie régl(ement)ée du personnage-titre (fils préféré de sa mère), son goût immodéré pour le défi, le bluff et l'exploit me semblent plus pertinents, en tout cas propices à alimenter un débat fécond et accrocheur.
L'adresse de Stuart Rosenberg, manifeste dans plusieurs épisodes de séries télévisées dont il a assuré la direction, ne peut raisonnablement être contestée. On regrette néanmoins qu'il ait voulu la rendre ici, avec la complicité du talentueux cinématographe Conrad L. Hall2, trop visible, presque ostentatoire. Originale, la partition de Lalo Schifrin restera sans doute comme l'une des moins identifiables du compositeur. L'interprétation de Paul Newman3 mérite (est-ce surprenant ?) toutes les éloges. Lumineux, impliqué, le natif de l'Ohio, orphelin de père à vingt-cinq ans et devenu comédien par conviction, maitrise toujours davantage son art avec une maturité plus affirmée. On se réjouit également qu'il ait contribué à mettre en valeur le jeu de George Kennedy (à l'affiche, la même année, de The Dirty Dozen), justement récompensé par un "Oscar". Parmi les autres acteurs secondaires apparaissent notamment J.D. Cannon, la kazanienne Jo Van Fleet4, (Harry) Dean Stanton et Dennis Hopper (sans une ligne de réplique !). Cool Hand Luke est entré en 2005 au National Film Registry.
N.B. : Rosenberg dirigera Newman à trois autres reprises (dans WUSA, Pocket Money et The Drowning Pool avec Joanne Woodward). Il réalisera également, treize ans plus tard, Brubaker au sujet connexe.
1. i.e. connaissance intuitive et/ou rudimentaire.
2. chargé, à la même époque, par Richard Brooks de la photographie en noir et blanc de In Cold Blood.
3. le rôle de Lucas 'Luke' Jackson aurait d'abord été proposé à Jack Lemmon, lequel a suggéré le choix de Paul Newman et décidé de produire le film.
4. Bette Davis a décliné la proposition de tenir le personnage de la mère de Luke.
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