Le Combat dans l'île

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Produit par Louis Malle, le premier long métrage d'Alain Cavalier (qui a été l'assistant de son cadet sur Ascenseur pour l'échafaud et Les Amants) relève, quoiqu'on en dise, moins du film politique que du drame psycho-sentimental. Les enjeux du scénario original signé par Cavalier, avec la participation de Jean-Paul Rappeneau pour les dialogues, demeurent longtemps assez vagues, parfois même invraisemblables. L'argument essentiel consistant à tracer un (trivial ?) triangle adultérin, au sein duquel s'opposent deux individus, jadis étroitement liés, à la fois par leurs convictions et leur typologie mentale. Une rivalité amoureuse finalement résolue par l'insolite et un peu désuet duel donnant son titre au film. Groupuscule droitier et projet d'assassinat d'un député de Paris ne servent en réalité que de toile de fond, influencé par le contexte politique chaotique du début de l'année 1962¹ (attentats de l'O.A.S., manifestations de gauche, notamment celle réprimée mortellement à la station de métro Charonne, début du rapatriement des Européens d'Algérie...). D'une manière générale, la narration manque de cohérence et de maîtrise, le recours à une voix-off ne se justifiant pas non plus réellement.

La toute première association² de Romy Schneider avec Jean-Louis Trintignant  constitue (est-ce une surprise ?) la véritable plus-value du Combat dans l'île. Le couple d'acteurs, formidablement assorti sur le plan physique, aux jeux complémentaires et harmonieux, se montre d'ailleurs presque trop complice à l'écran. Henri Serre (Jim dans Jules et Jim, Frédéric dans le prochain Feu follet) et Pierre Asso apportent respectivement une touche de rusticité rassurante et une atmosphère de malaise discret mais néanmoins inquiétant. A noter enfin la présence de l'aimable et quasi débutante Diane Lepvrier³, la belle photographie de Pierre Lhomme (futur collaborateur de Jean-Pierre Melville, Claude Miller et Rappeneau déjà cité) et la partition, troisième et dernière pour le cinéma, un peu déconcertante (dodécaphonique) de Serge Nigg.
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1. le film a été distribué en août-septembre 1962.
2. reformée à trois reprises (successivement dans Le Train, Le Mouton enragé et La Banquière, Trintignant ne faisant qu'une simple apparition dans L'Enfer de Clouzot).
3. revue, entre autres, en fille du Landru de Chabrol et, trente ans plus tard, chez Eric Rohmer.