"D'accord, c'est votre immeuble mais notre incendie. Evacuez ces gens d'ici !"
La plupart des cinéphiles (et les autres) ont vu, contraints ou volontaires, le film-catastrophe d'Irwin Allen et John Guillermin (qui est le vrai réalisateur du film ?). Ils connaissent ses prémices, rappelons les brièvement : après le succès du premier film du genre sorti en 1972, The Poseidon Adventure produit par la 20th Century Fox, le studio et son concurrent, Warner, décident d'exploiter le filon. Le premier achète les droits du roman "The Glass Inferno" de Thomas N. Scortia et Frank M. Robinson pendant que le second acquiert ceux de "The Tower"
de Richard Martin qui mettent tous les deux en scène l'incendie d'un
gratte-ciel. Les deux sociétés, plutôt que de sortir des films
concurrents, unissent leurs moyens et produisent ce qui deviendra The Towering Inferno. Le scénario, rédigé par Stirling Silliphant, utilise des éléments narratifs et des personnages des deux ouvrages. La filiation avec The Poseidon Adventure est plus intime qu'on ne le pense, puisqu'un certain nombre d'acteurs de second rôle du film de Ronald Neame sont engagés dans celui de John Guillermin et qu'un clin d'œil lui est donné par la reprise d'une version instrumentale de la chanson The Morning After.
The Towering Inferno est un film long (plus de deux heures et demie)
et l'action ne démarre véritablement qu'après un peu plus d'une
demi-heure. Le temps de présenter tous les personnages principaux (et il y en a, nous y reviendrons !)
et leur intrigue propre. Après cette introduction, il n'y a plus qu'à
laisser "rôtir" les ingrédients en utilisant les recettes classiques
d'alternance de scènes d'action et de brèves périodes de repos (bien méritées) qui permettent également de suivre l'évolution psychologique (modeste)
des protagonistes. Mais là n'est pas l'essentiel. Car le scénario est
exigeant, multipliant les embûches et les complications, n'hésitant pas à
"tuer", entre autres, une gentille femme (en sauvant, bien sûr, une petite fille) et un sénateur actif et plutôt sympathique. Le film est truffé d'invraisemblances manifestes.
Pour
ne citer que trois exemples, évoquons l'incendie initial qui met
plusieurs dizaines de minutes à se propager malgré un environnement plus
que favorable (on le retrouvera d'ailleurs, au milieu du film, quasiment au même stade qu'à l'origine !), le sauvetage de la cabine d'ascenseur extérieure (qui
place l'hélicoptère en collision avec la tour - si l'on suppose que le
câble n'est pas trop long, la durée du vol stationnaire - dans une
relative stabilité, le diamètre ridicule du câble d'ascenseur qui doit
être sectionné au chalumeau, la rapidité de la descente - un peu plus
d'une minute), la probabilité de réussir à éteindre un tel incendie
par l'explosion des réservoirs d'eau. Mais le constat final est encore
plus désarmant : les architectes ne connaissent pas leur métier et
doivent faire un stage dans une caserne de pompiers. Leur tâche n'est
pas facilitée par les multiples entorses au cahier des charges de
promoteurs inconscients ou malhonnêtes.
On l'a évoqué, The Towering Inferno est avant tout un casting : outre les deux têtes d'affiche, on trouve Faye Dunaway, O.J. Simpson, Robert Vaughn et Robert Wagner.
On se demande par quel miracle tous ces personnages importants ont pu
se trouver libres au même moment. A moins qu'il ne s'agisse de
l'épaisseur de l'enveloppe... mais je m'égare ! The Towering Inferno est le second film tourné ensemble par Steve McQueen et son aîné Paul Newman après Somebody Up There Likes Me (1956) (mais, dans ce dernier, à des positions incomparables). On sait que le premier devait initialement endosser le costume d'architecte de Doug Roberts mais qu'il a préféré celui du chef-pompier Michael O'Hallorhan.
Peut-être a-t-il eu tort car on voit plus tôt et plus souvent
l'architecte. Mais que ne fait-on pour le prestige de l'uniforme ? Par
contrat, une parfaite égalité de traitement devait être réservée aux
deux acteurs : même position au générique et sur l'affiche, même cachet,
même nombre de lignes de dialogue dans le script. Le communisme
réinventé (je plaisante, bien sûr !!). L'un comme l'autre font un "good job", (presque !) propre et carré, physique et sympathique. Des héros, quoi !
Derrière, on fait un peu dans le décoratif ou le remplissage. Faye Dunaway et Susan Blakely font dans la première catégorie. Les autres dans la seconde. Mention spéciale à Richard Chamberlain que l'on a "habillé" d'une psychologie à deux cents et à Robert Wagner
qui décide de s'en aller si vite, dans une des plus belles et
dramatiques scènes du film, la seule où le feu possède une dimension
esthétique à la Backdraft. Et pour terminer sur une double-note triste (film-catastrophe oblige) : The Towering Inferno est le dernier film de Jennifer Jones (la
réception au bas des 60 ou 70 étages n'est pas aisée, surtout avec
rebond ; pour l'anecdote, la version télé a "expurgé" cette chute) et le fils de Paul Newman, Scott, joue ici son premier rôle au cinéma (celui d'un jeune pompier) ; il se suicidera quatre ans plus tard.
Bon, on se refait Die Hard ?
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