Les œuvres :
Elles ont été écrites pour ou avec le violoncelliste Mstislav Rostropovitch.
Le Concerto pour violoncelle et orchestre n°1 en mi bémol majeur Op. 107 est une pièce musicale tardive, composé par Chostakovitch en 1959 et dédiée, comme le Second concerto, à Rostropovitch.
Le climat culturel est favorable, le "dégel" consécutif à la mort de
Staline en 1953 permet au compositeur de retrouver une verve créatrice
qui donnera naissance à l'une de ses plus belles symphonies, la n°10 en mi mineur opus 93
et à plusieurs concertos dont celui qui nous intéresse. Au cours de ces
années, Chostakovitch utilise volontiers les tonalités Ré-Mi
bémol-Do-Si, ce qui, traduit en codification allemande, se lit D-S-C-H,
soit les initiales de son nom (Dimitri SCHostakovich) dans une variante romaine peu usitée.
Le compositeur avoue s'être inspiré de la Symphonie concertante
de Prokofiev qui complète ce programme. La partie aux timbales,
notamment, est une "citation" de l'oeuvre de son aîné. Mais on y
retrouve toute la finesse, la délicatesse de Chostakovitch emplie de
mélancolie et de tendresse.
(Les quatre mouvements sont : Allegretto, Moderato, Cadenza, Allegro
con moto - enregistré avec le London Symphony Orchestra dirigé par
Charles Groves en décembre 1961).
Composée par Prokofiev entre 1950 et 1952, soit très peu de temps avant sa disparition en 1953 (ironie du sort, le même jour que -55' pour être précis avant- Staline !), la Symphonie concertante pour violoncelle et orchestre en mi mineur Op. 125 fait suite à l'autre pièce pour violoncelle (et piano), la Sonate Op. 119 de 1949. Toutes deux ont été écrites en collaboration avec l'ami Rostropovitch. Celui-ci avait demandé au compositeur de repartir du Concerto pour violoncelle Op. 58.
Ce sera d'ailleurs la marque des dernières oeuvres de Prokofiev :
achever ce qui ne l'avait pas été et "réviser" ses compositions
précédentes. La Symphonie concertante est une partition moins délicate que celle du Concerto pour violoncelle et orchestre
de Chostakovitch mais plus sombre. La fin de la vie de Prokofiev fut
difficile, matériellement d'abord car il était dans un presque total
dénuement, culturellement ensuite, étouffé par un carcan d'état
impitoyable.
(Les trois mouvements sont : Andante, Allegro giusto, Andante con
moto - Allegro marcato - enregistré avec l'Orchestre National de l'Opéra
de Monte-Carlo dirigé par Okko Kamu en janvier 1970)
A noter que les deux musiciens sont également liés au cinéma : le premier a notamment composé la musique du Cuirassé Potemkine et, par ailleurs, sa musique est l'une des plus utilisées (par exemple dans Eyes Wide Shut) ; le second est l'auteur des musiques d'Alexandre Nevski et d'Ivan le terrible de Sergei M. Eisenstein.
L'interprète :
Mstislav Rostropovitch est né (en 1927 à Bakou - Azerbaïdjan)
dans la musique. Sa mère était pianiste et son père violoncelliste,
élève de Pablo Casals. A l'âge de seize ans, il entre au Conservatoire
de Moscou et étudie la composition avec Prokofiev et Chostakovitch. Il
devient rapidement l'un des meilleurs instrumentistes soviétiques et
profite de sa notoriété internationale pour lutter contre le régime
autoritaire de son pays. Il doit d'ailleurs quitter l'U.R.S.S. avec sa
famille en 1974 dans un contexte de controverse qui mobilise l'attention
générale.
De nombreux compositeurs ont écrit pour lui (Berio, Bernstein, Boulez, Britten, Dutilleux, Khachaturian, Lutoslawski, Messiaen, Schnittke...) et il a été invité par les plus prestigieux orchestres mondiaux.
Il est tout bonnement magistral dans le Concerto pour violoncelle et orchestre
de Chostakovitch, moins convaincant dans l'oeuvre de Prokofiev. Il
montre, dans cette dernière, sa détermination et ses aptitudes à diriger
un orchestre, même en présence du chef officiel. C'est la raison pour
laquelle nous lui préférons la version enregistrée avec le London Symphony Orchestra dirigé par Seiji Ozawa. Si une archive filmée pouvait exister, cela serait une réelle délectation !
Le Bonus :
Mstislav Rostropovitch,
on l'oublie parfois, est aussi un chef d'orchestre et un pianiste.
C'est cette dernière compétence qu'il met à profit en accompagnant son
épouse, la soliste Galina Vishnevskaya, dans les ''Chants et danses de la mort'' de Moussorgsky.
Galina Vishnevskaya, dont l'enfance est une digne d'un roman, est une
artiste vocale de premier plan, qualitativement comparable à Maria
Callas ou Renata Tebaldi. Son travail avec Igor Markevitch sur les
oeuvres de Moussorgsky est réputé, de même que son exploration brillante
de celles de Chostakovitch.
(Berceuse, Serenada, Trepak, Le chef d'armée - enregistré à l'O.R.T.F. en janvier 1970)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire