"Un simple mortel ne mérite pas tant."
Comment a-t-on pu en arriver là ? Quel(s) élément(s) (artistique(s), je laisse de côté volontairement la dimension économique) présent(s) à l'origine a(ont) permis à Terminator
de donner naissance à, ce qu'il faut bien à présent appeler, une série ?
Le retour vers le passé, l'apocalypse nucléaire, le combat
homme-machine, tout cela n'a rien de vraiment révolutionnaire. De plus,
il s'agit du véritable premier film de James Cameron. Il vaut mieux, en effet, être charitable et oublier ce Piranhas II, les tueurs volants (déjà avec Lance Henriksen)
de triste mémoire. En outre, les acteurs n'ont aucune expérience
significative de cinéma, ayant plutôt tourné pour la télévision. Même Arnold Schwarzenegger n'avait à son actif qu'un Conan le barbare dans lequel, il est vrai, sa plastique est mise en valeur et était en train de tourner sa suite, Conan le destructeur. Bref, il s'agit d'une véritable énigme, renforcée par la légende qui veut que Cameron ait rêvé en partie son futur film.
Il
faut croire au succès des bonnes histoires. Les ingrédients ne font pas
tout. Il faut aussi qu'un film soit en adéquation avec son temps et,
manifestement, Terminator
l'est. Une adéquation "rythmique" si l'on peut dire : pas de
fioritures, c'est clair, direct, efficace. Le principe de la
course-poursuite est ici dans sa quintessence absolue. Il suffit de
compter le nombre de lignes de dialogue pour s'en assurer. Ils sont
d'une indigence notoire. Schwarzy ne prononce, de tout le film, que dix neuf phrases. James Cameron
a également éliminé au montage toutes les scènes inutilement bavardes,
privilégiant l'action et l'émotion au détriment de l'intellect. Il y a,
au final, peu à comprendre. On sent bien cependant que le réalisateur
aurait voulu insister sur la période d'ouverture, celle du Los Angeles
post-nucléaire de 2029. Mais faute de moyens, nous n'avons droit qu'à
deux courtes séquences qui, paradoxalement, renforce le mystère et
l'intérêt du spectateur. Il a pu contribuer à faire qu'une suite soit
possible. Le désir d'en savoir plus est là, dès ce premier opus.
L'autre adéquation est esthétique, le début des années 1980 est une époque où l'apparence (le "look") et le physique ont beaucoup d'importance. Le film de Cameron est, sans aucun doute, une référence dans ce domaine, probablement plus que tous les films "importants" de 1984 (ce n'est que l'année suivante que sortiront 9 semaines et demi de Adrian Lyne , Blue Velvet de David Lynch, 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix et Subway de Luc Besson qui ont marqué un renouveau esthétique dans le cinéma).
Nous
avons déjà évoqué l'interprétation. Bien que les acteurs principaux
soient plus connus à la télévision qu'au cinéma pour la plupart d'entre
eux, ils sont convaincants chacun dans leur registre. Arnold Schwarzenegger en tueur implacable (certaines mauvaises langues disent lui préférer la version toute mécanique !), Michael Biehn en guerrier humain et un peu mystique, Linda Hamilton
en femme chez laquelle on voir le changement opérer vers la
détermination et le courage. C'est d'ailleurs elle qui réussit à mettre
fin (provisoire) à l'aventure et acquiert ainsi le mérite d'être la mère du sauveur des temps futurs.
Une
dernière double réflexion : tout d'abord, on voit, habituellement,
l'histoire du film comme celle d'un cyborg qui cherche à éliminer une
femme. Il faut le revoir en pensant que sa mission réelle est d'éliminer
l'humanité. La seconde idée est, quelque part, rassurante. Cameron a choisit d'éliminer une machine autonome par une autre machine (dé)vouée à l'homme. Jusqu'à quand le sera-t-elle ?
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