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"I forgot myself, I... can't explain."
En revoyant ce film, une interrogation se dégage : Terence Stamp n'aurait-il pas dû connaitre un parcours cinématographique plus honorable ? Suivie immédiatement d'une seconde, connexe : a-t-il jamais proposé de meilleure interprétation que celle qu'il offre dans The Collector ? Après avoir tenu le personnage-titre (le deuxième rôle de sa naissante carrière) dans Billy Budd de Peter Ustinov, l'acteur anglais reste éloigné des plateaux pendant près de trois ans. La décision des producteurs John Kohn et Jud Kinberg (fidèle collaborateur de John Houseman) de confier la direction à William Wyler le persuade finalement de participer à cette adaptation du premier roman du Britannique John Fowles (The French Lieutenant's Woman). Après quelques essais destinés à sélectionner sa partenaire, Wyler manifeste aussitôt sa conviction de la pertinence du choix de Stamp. Celui-ci se montre en effet, de bout en bout, remarquable dans ce personnage ambigu, trouble, fasciné par la beauté captive et funeste. Etrange mélange de béotisme et d'élégance formelle. Drame psychologique en quasi huis clos, The Collector se résout1 à une équivoque confrontation entre une prisonnière et son ravisseur amoureux. Un unique nœud narratif tendu pas la volonté farouche de la première de s'échapper, par celle du second de lui inspirer de semblables bien qu'improbables sentiments réciproques, enfin par la sincérité et la confiance relatives qu'ils peuvent mutuellement s'accorder. Si Terence Stamp est excellent, Samantha Eggar2 (que l'on voyait à cette époque surtout à la télévision) ne l'est pas moins. Conditionnée pendant le tournage à l'isolement et à une certaine rudesse par William Wyler, la jeune Londonienne parvient à composer et à faire évoluer un subtil assemblage fait de détermination, de docilité, de vulnérabilité et de résignation. Les deux acteurs obtiendront d'ailleurs les prix d'interprétation du 18e Festival de Cannes (Eggar sera également récompensée aux "Golden Globes" et nommée aux "Oscars"). Mention spéciale enfin à la photographie de Robert Surtees (parties tournées dans les studios hollywoodiens de la Columbia) et Robert Krasker (extérieurs anglais) ainsi qu'au judicieux score de Maurice Jarre3.
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1. le premier montage du film (qui devait initialement être produit en noir et blanc) durait près de trois heures et comportait plusieurs flashbacks dans lesquels Kenneth More jouait l'amant secret de Miranda Grey.
2. Natalie Wood a refusé le rôle de Miranda ; Julie Christie, Suzanne Pleshette et Sarah Miles ont été pressenties pour le tenir.
3. Bernard Herrmann devait, selon lui, écrire la bande originale mais Wyler s'y est opposé (The Collector - dont s'est inspiré Pedro Almodóvar pour Átame! - n'a, il est vrai, rien d'un thriller crimino-policier à la Psycho).
En revoyant ce film, une interrogation se dégage : Terence Stamp n'aurait-il pas dû connaitre un parcours cinématographique plus honorable ? Suivie immédiatement d'une seconde, connexe : a-t-il jamais proposé de meilleure interprétation que celle qu'il offre dans The Collector ? Après avoir tenu le personnage-titre (le deuxième rôle de sa naissante carrière) dans Billy Budd de Peter Ustinov, l'acteur anglais reste éloigné des plateaux pendant près de trois ans. La décision des producteurs John Kohn et Jud Kinberg (fidèle collaborateur de John Houseman) de confier la direction à William Wyler le persuade finalement de participer à cette adaptation du premier roman du Britannique John Fowles (The French Lieutenant's Woman). Après quelques essais destinés à sélectionner sa partenaire, Wyler manifeste aussitôt sa conviction de la pertinence du choix de Stamp. Celui-ci se montre en effet, de bout en bout, remarquable dans ce personnage ambigu, trouble, fasciné par la beauté captive et funeste. Etrange mélange de béotisme et d'élégance formelle. Drame psychologique en quasi huis clos, The Collector se résout1 à une équivoque confrontation entre une prisonnière et son ravisseur amoureux. Un unique nœud narratif tendu pas la volonté farouche de la première de s'échapper, par celle du second de lui inspirer de semblables bien qu'improbables sentiments réciproques, enfin par la sincérité et la confiance relatives qu'ils peuvent mutuellement s'accorder. Si Terence Stamp est excellent, Samantha Eggar2 (que l'on voyait à cette époque surtout à la télévision) ne l'est pas moins. Conditionnée pendant le tournage à l'isolement et à une certaine rudesse par William Wyler, la jeune Londonienne parvient à composer et à faire évoluer un subtil assemblage fait de détermination, de docilité, de vulnérabilité et de résignation. Les deux acteurs obtiendront d'ailleurs les prix d'interprétation du 18e Festival de Cannes (Eggar sera également récompensée aux "Golden Globes" et nommée aux "Oscars"). Mention spéciale enfin à la photographie de Robert Surtees (parties tournées dans les studios hollywoodiens de la Columbia) et Robert Krasker (extérieurs anglais) ainsi qu'au judicieux score de Maurice Jarre3.
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1. le premier montage du film (qui devait initialement être produit en noir et blanc) durait près de trois heures et comportait plusieurs flashbacks dans lesquels Kenneth More jouait l'amant secret de Miranda Grey.
2. Natalie Wood a refusé le rôle de Miranda ; Julie Christie, Suzanne Pleshette et Sarah Miles ont été pressenties pour le tenir.
3. Bernard Herrmann devait, selon lui, écrire la bande originale mais Wyler s'y est opposé (The Collector - dont s'est inspiré Pedro Almodóvar pour Átame! - n'a, il est vrai, rien d'un thriller crimino-policier à la Psycho).
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