Brigham Young

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"This is the place."

Quelles étaient donc les motivations de Darryl F. Zanuck, patron de la Fox, pour produire une telle fresque biographique ? Cela reste incertain. L'origine et l'histoire de cet exode de la communauté mormones entre l'Illinois et l'Utah (1846-1847) présente évidemment une utilité narrative. Mais religion et cinéma font rarement bon ménage, au moins sur le plan commercial. Il n'est pas sûr non plus que Brigham Young* ait connu le succès à Salt Lake City où il a été diffusé en première. D'autant qu'il finit par suivre assez vite les canons du classique film de Conquête de l'Ouest. Henry Hathaway, désigné pour le diriger, ne montrait d'ailleurs pas beaucoup d'enthousiasme à l'idée de cette réquisition. Le caractère hagiographique du scénario de Louis Bromfield, auteur de The Rains Came, et de Lamar Trotti (Young Mr. Lincoln, The Ox-Bow Incident, Yellow Sky...), le manque de distanciation réflexive handicapent le récit. La première partie avec Vincent Price, sombre et forte, demeure assurément la plus intéressante et réussie. Une intensité qui s'émousse de manière significative au cours des suivantes. Autre faille : le confus embarras concernant le personnage principal ; objectivement tenu par Dean Jagger** dans le rôle-titre, position contredite par la tête d'affiche occupée par Tyrone Power pourtant titulaire d'un personnage secondaire d'une sous-intrigue romantique. L'emplacement et la solidité des autres acteurs de soutien (Linda Darnell, Brian Donlevy, Jane Darwell, John Carradine, Mary Astor) ne font enfin aucun doute.

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*parfois intitulé "L'Odyssée des mormons" en français.
**baptisé mormon trente-deux ans plus tard.