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"Wyatt Earp: Mac, you ever been in love?
Mac: No, I've been a bartender all me life."
John Ford racontait, à propos de My Darling Clementine, avoir rencontré Wyatt Earp à l'époque où il était assistant-accessoiriste à Hollywood. Cela n'a, semble-t-il, pas eu de forte incidence sur la véracité historique de ce film. Le seul scénario signé par le duo Samuel G. Engel-Winston Miller est, il est vrai, tiré du très fictionnel roman "Wyatt Earp Frontier Marshal"* publié en 1931 par Stuart N. Lake. L'authenticité ne constituait vraisemblablement pas la motivation première du cinéaste. Ce qui l'intéresse, à travers ce récit devenu légendaire, c'est une nouvelle fois l'opposition, la transition dialectique entre anomie-sauvagerie et ordre-civilisation. Ford paraît également s'amuser volontiers du caractère duel du récit, traditionnelle histoire de vengeance où s'immisce, subrepticement, une vague intrigue romantique (laquelle lui donne d'ailleurs son titre original - pas l'imbécile version française ! - et contribue ainsi au déroutement provisoire du spectateur).My Darling Clementine avait, dès 1946, tous les attributs d'un formidable classique du western et du cinéma. Interdiction absolue, même si l'on a vu Stagecoach (que l'on diffusait à mon époque dans les collèges), de rater cette excursion dans l'Arizona et l'Utah (avec un détour par le cinégénique Devil's Tower, Wyoming) remarquablement photographiée (le premier de trois films du réalisateur) par Joseph MacDonald. Tous juste démobilisé, l'excellent Henry Fonda entraine de sa singulière démarche un très solide casting constitué notamment du convaincant Victor Mature** (dans l'unique rencontre à l'écran avec Fonda), Linda Darnell, Cathy Downs (Jeanne Crain devait initialement tenir le rôle de Clementine Carter), Walter Brennan, Tim Holt, Ward Bond ou encore Alan Mowbray. My Darling Clementine est entré en 1991 (soit deux ans après The Grapes of Wrath, quatre ans avant le déjà cité Stagecoach) au National Film Registry.
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*déjà à l'origine du Frontier Marshal de Lewis Seiler avec George O'Brien dans le rôle principal et de la version homonyme adaptée par Sam Hellman et dirigée par Allan Dwan avec Randolph Scott (en revanche pas du Gunfight at the O.K. Corral de John Sturges avec Burt Lancaster et Kirk Douglas).
**Darryl F. Zanuck, patron de la Fox, souhaitait voir James Stewart en John 'Doc' Holliday, choix rejeté par John Ford (Vincent Price a un moment été pressenti).
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