"On n'est pas sûr d'en revenir."
L'actuelle dernière adaptation(1) de l'œuvre éponyme du mangaka Leiji Matsumoto rompt avec l'animation originelle. Son producteur Toshiaki Nakazawa (Okuribito, Jûsan-nin no shikaku...) n'est, il est vrai, pas un spécialiste du genre. Une véritable (r)évolution culturelle pour les amateurs, principalement japonais et étasuniens, de la série télévisée du milieu des années 1970 (toujours inédite en France) et autres produits dérivés promus par Yoshinobu Nishizaki. Les spectateurs nippons ont néanmoins placé Uchû senkan Yamato en tête du box-office local(2). A partir d'un scénario quelque peu remanié, cette longue épopée futuriste et eschatologique tire évidemment grand parti des spectaculaires effets spéciaux élaborés par Takashi Yamazaki.
An 2199. A proximité de la planète Mars, la flotte commandée par le capitaine Okita ne peut résister aux armes technologiques développées par les Gamiliens. Pour permettre la fuite du vaisseau principal, le capitaine Mamoru Kodai offre son sacrifice et celui du "Yukikaze" interposé en protection. Les hostilités s'étaient engagées cinq ans plus tôt lorsque ce redoutable ennemi toujours inconnu avait entamé le bombardement de la Terre avec des armes météoriques radioactives, obligeant la population survivante à trouver refuge dans des villes souterraines. Soufflé par le crash d'un appareil spatial, Susumu Kodai, frère cadet du défunt officier et trafiquant de métaux rares, échappe mystérieusement aux radiations mortelles de surface. Auprès de lui, il trouve une étrange capsule envoyée de la lointaine planète Iskandar et contenant un plan susceptible d'indiquer l'emplacement d'une machine à décontaminer la Terre condamnée à brève échéance.
Une mission suggérée et dirigée par Okita est décidée par le gouverneur ; recruté comme pilote et chef de l'escadrille de chasse, Kodai retrouve à bord du cuirassé "Yamato" son ami Shima ainsi que les membres de son ancienne équipe avant qu'il ne quitte l'armée. Au moment du départ, Kodai est chargé de désintégrer à l'aide du Canon à Diffusion Ondulatoire, une puissante arme iskandarienne, le missile ennemi qui menace le cuirassé. Ce succès militaire n'empêche pas la pilote Yuki Mori de mettre sur le compte de la peur la défection de Kodai lors de la précédente bataille. A peine sortie de la phase de téléportation opérée grâce au warp reçu également d'Iskandar, le "Yamato" subit une nouvelle et inattendue attaque de vaisseaux gamiliens.
Infiniment moins lyrique que la saga Star Wars(3) et Dune par exemple, Uchû senkan Yamato croise davantage les routes (narratives et spatiales) de Battlestar Galactica ou de Star Trek (version cinéma). Tous en restant assez fidèle à la trame du récit à connotation mythique(4) de Leiji Matsumoto, le script n'hésite pas à diverger sensiblement, voire à s'évader volontiers vers des contrées inexplorées où le pari humanitaire, l'ambivalence et la féminité gagnent du terrain. Même si elles peuvent a priori se justifier, la longueur du métrage et une certaine surenchère dramatique, voire visuelle alourdissent un peu le décor. Convaincant dans son interprétation de samouraï aveugle pour Bushi no ichibun, Takuya Kimura manque un peu d'étoffe pour camper ce personnage d'ultime sauveur de l'humanité aux côtés de Meisa Kuroki (Ruka/Luca Aizawa dans le diptyque Kurôzu zero) et de leur kurosawaien aîné Tsutomu Yamazaki. L'attraction du public féminin expliquerait-elle le choix de l'acteur et chanteur de boy band pop (la voix d'Hauru dans Hauru no ugoku shiro) ?
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1. projet sérieusement envisagé au milieu des années 1990 par les studios Disney puis abandonné à la suite du départ de Michael Eisner.
2. devant Harry Potter and the Deathly Hallows.
3. dont l'influence n'est toutefois pas absente ; l'Analyzer "non déployé" n'a-t-il pas de faux airs de R2-D2 ?
4. à commencer par le "Yamato", plus grand des cuirassés jamais construits coulé au large d'Okinawa en avril 1945, qui a inspiré Matsumoto.
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