Red Eagle

"... Tu es sous l'emprise de la douleur."

Bangkok 2013. Les proches élections pourraient voir l'arrivée au pouvoir du Parti du Peuple. Mais grâce notamment à la promesse de l'arrêt du programme nucléaire en cours, le chef du Nouveau Parti Libéral Direk Damrongprapa rallie des opposants au précédent gouvernement et obtient le poste de premier ministre. Sous cette nouvelle législature, la corruption et la criminalité se développent de manière irrémédiable. Certains fondent même l'espoir de voir apparaître un héros hors du commun capable de lutter contre la pègre. En éliminant seul un puissant groupe de trafiquants de drogue, 'Red Eagle' répond à cette attente providentielle. Trois ans plus tard, une manifestation est brutalement réprimée à proximité du chantier d'une centrale nucléaire dans la province de Chumporn.

Vasana Tiengpradab, responsable d'une ONG anti-nucléaire, obtient une brève entrevue au cours de laquelle elle est amenée à blâmer sèchement son ex-fiancé Damrongprapa pour avoir renoncé à son engagement électoral. L'enquête sur l'exécution massive opérée par 'Red Eagle' est confiée par le capitaine de brigade criminelle Montree Sereekul au lieutenant Chart Wuttikrai secondé pour l'occasion par le sergent sikh Singh Chandarakuman. Convaincu qu'il s'agit de l'acte d'un psychopathe, le jeune officier de police n'a qu'une semaine pour appréhender son mystérieux auteur. Menacé par message remis par une prétendue journaliste, le dévoyé sénateur Somkuan est le soir même tué par 'Red Eagle' malgré l'importante protection dont il faisait l'objet. Face au risque que représente le justicier masqué pour son activité, l'organisation secrète Matulee charge le redoutable tueur professionnel 'Black Devil' de le supprimer.

Outre ses indiscutables côtés exotique et un peu suranné, cette production de genre thaïlandaise sait aussi se montrer assez efficace. Remake tardif du Insee thong de Mitr Chaibancha(1), Red Eagle s'apparente (à son orientale manière) à Batman, le fantastique et gothique héros imaginé par le duo Bob Kane-Bill Finger, ou au Spirit de Frank Miller. Si la narration s'avère souvent heurtée, si les séquences, leur enchainement et ambiances sont dans l'ensemble inégaux, l'impression globale ne se forme pas en sa défaveur. Le scénario développe quelques idées intéressantes dont certaines n'hésitent pas à évoquer le passé politique récent de l'ancien royaume de Siam. Les confrontations entre le personnage-titre et le "typé" 'Black Devil' constituent bien sûr les moments forts pour les amateurs d'action imaginaire. Loin de ses bases(2), Wisit Sasanatieng propose un film composite mais plutôt distrayant, emmené, voire porté par un Ananda Everingham (Shutter, Ploy) crédible dans la peau de l'ambivalent Rom Ritthikrai/'Red Eagle', à la fois torturé et virevoltant. Au terme des près de deux heures de métrage, Red Eagle ne s'achève pas pour de bon (ou alors en queue de poisson moto-risée !) puisque une sequel semblait avoir été programmée... avant le relatif insuccès public rencontré dans les salles nationales(3).

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1. sur le tournage duquel le producteur, réalisateur et acteur principal a trouvé la mort en chutant d'un hélicoptère. Un bref hommage lui est rendu avant le générique de fin.

2. son premier film, le kitchissime Fah talai jone, avait également été la première production thaïlandaise sélectionnée pour le Festival de Cannes.

3. où, sauf en Malaisie, s'est cantonnée son exploitation commerciale.