"- There is no evil in opium!
- But there is in men."
Coïncidence, lorsque débute ce qui deviendra en 1967 la franchise James Bond, la guerre froide est en passe de connaître une phase de détente relative. Le communisme et ses espions n'ont, au demeurant, qu'une influence assez marginale dans la série de romans entamée en 1953 par le Britannique Ian Fleming. Quatre ans après la parution du premier volume, l'ancien commander des services secrets de la Royal Navy publie "The Diamond Smugglers", récit authentique des réseaux de contrebande de diamants depuis l'Afrique. A l'initiative de l'Organisation des Nations Unies et d'un trio de producteurs européens conduit par Euan Lloyd (futur promoteur de Shalako, The Wild Geese et The Sea Wolves notamment), l'ouvrage inspire le scénario de ce Poppy Is Also a Flower signé par l'ex-journaliste Jo Eisinger (Gilda, Night and the City). Réalisateur des trois premiers James Bond, Terence Young y dirige, à titre gracieux, les apparitions d'un prestigieux mais bénévole casting international réuni autour de Trevor Howard.
Trois véhicules escortés par des cavaliers pénètrent dans un village de tentes au pied d'une colline du désert iranien. Reçu par Salah Rahman Khan, l'Etasunien à la tête du groupe obtient, grâce à une substantielle surenchère, l'illicite récolte d'opium cédée chaque année par le chef de tribu à ses partenaires étrangers habituels. Sur le chemin du retour, une attaque immobilise le convoi dans un défilé ; seul survivant, Benson est capturé juste avant que les charges explosives activées par ses hommes ne pulvérisent les deux camions et leur chargement. Serge Marko, riche homme d'affaires lié à un vaste trafic d'héroïne et commanditaire de la tentative de récupération de l'opium, rassure ses associés en leur promettant un prochain approvisionnement de même provenance. A l'aéroport de Téhéran, Sam Lincoln et Coley Jones, membres du bureau anti-drogue de l'O.N.U. comme Benson retrouvé mort, sont accueillis par le docteur Rad, représentant de l'Iran auprès de l'organisation mondiale, sa collègue le docteur Bronovska et le colonel Salem. Ensemble, ils mettent au point une opération d'imprégnation puis de traçage par radioactivité de la nouvelle cargaison d'opium afin de remonter la filière.
Conçu comme un téléfilm(1), The Poppy Is Also a Flower fait évidemment penser à To the Ends of the Earth(2) de Robert Stevenson... au point qu'il pourrait même en constituer un remake. Vieille préoccupation des autorités gouvernementales(3), la lutte contre les trafiquants de drogue a régulièrement alimenté les scénarii (genre dont French Connection de Friedkin reste l'une des incontournables références). Comme Pickup Alley, cette réalisation de Terence Young ne convainc qu'à moitié malgré la qualité des équipes artistiques et techniques sollicitées. De l'Iran encore impériale à Monte-Carlo et Cannes en passant par Naples, le natif de Shanghai doit troquer son solitaire et séducteur agent du MI6 contre un duo de matures fonctionnaires. Moins divertissant que le collectif Casino Royale sorti quelques semaines plus tard, The Poppy Is Also a Flower n'atteint pas non plus vraiment l'objectif "didactique" fixé par ses instigateurs. Véritable curiosité filmique, il déçoit cependant un peu sur le plan cinéphilique.
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1. diffusé en avril 1966 sur ABC, son succès lui permettra ensuite de connaître une exploitation internationale en salles.
2. un sujet jusque-là tabou dont la production par Columbia fut possible grâce au relatif assouplissement de la censure en cette période d'Après-guerre.
3. la commission internationale de l'opium est convoquée pour la première fois à Shanghai en 1909 à l'initiative des Etats-Unis. La ville servira pour partie de décor au célèbre "Lotus bleu", suite des " Cigares du pharaon" et cinquième album des aventures de Tintin publié en noir et blanc à partir d'août 1934. Le vénérable Wang Jen-ghié y était le chef des "Fils du dragon", organisation secrète en lutte contre une bande de trafiquants d'opium dirigée par Rastapopoulos.
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