******
"... Paralisi di vita, la corsa si è fermata, su questa via
sperduta1..."
Comme le Week-end de Jean-Luc Godard, sorti douze ans plus tôt, L'Ingorgo, una storia impossibile s'inspire librement (et sans mention) d'une nouvelle2 de l'écrivain argentin Julio Cortázar. Le scénario co-signé par Luigi Comencini, Ruggero Maccari3 et Bernardino Zapponi4 abandonne ou néglige la dimension fantastique du récit originel au profit de son réalisme. Le premier jour de l'été, un groupe d'automobilistes se retrouve coincé, du milieu de l'après-midi au matin du lendemain, sur la route reliant Rome à Naples. Un important homme d'affaires débarqué de son jet privé, une famille modeste au sein de laquelle s'opposent père et fille cadette, célibataire déterminée à garder l'enfant qu'elle porte, un vieux couple parti réanimer leur flamme amoureuse mais prêt à se déchirer pour un simple oubli, un acteur célèbre quoique défraichi vont donc, parmi d'autres, tenter de faire face aux contraintes de cette situation fortuite, déplaisante, inconfortable, voire même périlleuse.
L'observation (mise en bouteille !), quasi zoologique, de ce microcosme ne se fait évidemment pas à l'avantage de la société italienne qu'il est sensé représenter. Rappelons que le pays, après une phase de forte expansion économique, traversait alors une période de grave crise morale, sociale et politique. La cohérence du capitalisme était (déjà) questionnée, illustrée symboliquement ici par des piliers d'une voie d'autoroute abandonnée ou un cimetière automobile sauvage. Les disparates éléments de cet échantillon humain (sous ses composantes singulières et collectives) possèdent néanmoins des caractéristiques communes : une préoccupation contingente, parfois névrotique (à l'image du conducteur de la Coccinelle, interprété par Patrick Dewaere, contradictoirement obsédé par une certaine Mara), des illusions souvent absurdes et une certaine médiocrité.
Production européenne tournée à Cinecittà, L'Ingorgo reste surtout remarquable par son incroyable distribution internationale où se côtoient d'anciens (Alberto Sordi, Annie Girardot, Fernando Rey, Marcello Mastroianni, Stefania Sandrelli, Ugo Tognazzi) et de nouveaux (la Madrilène Ángela Molina, l'Allemand Harry Baer, Dewaere déjà cité, Miou-Miou et Gérard Depardieu) acteurs vedettes. Troisième et dernier film de Comencini candidat à une "Palme d'or", L'Ingorgo, sans faire véritablement partie des meilleures réalisations du cinéaste, demeure cependant assez significatif du cinéma italien de la décennie 1970 finissante.
Comme le Week-end de Jean-Luc Godard, sorti douze ans plus tôt, L'Ingorgo, una storia impossibile s'inspire librement (et sans mention) d'une nouvelle2 de l'écrivain argentin Julio Cortázar. Le scénario co-signé par Luigi Comencini, Ruggero Maccari3 et Bernardino Zapponi4 abandonne ou néglige la dimension fantastique du récit originel au profit de son réalisme. Le premier jour de l'été, un groupe d'automobilistes se retrouve coincé, du milieu de l'après-midi au matin du lendemain, sur la route reliant Rome à Naples. Un important homme d'affaires débarqué de son jet privé, une famille modeste au sein de laquelle s'opposent père et fille cadette, célibataire déterminée à garder l'enfant qu'elle porte, un vieux couple parti réanimer leur flamme amoureuse mais prêt à se déchirer pour un simple oubli, un acteur célèbre quoique défraichi vont donc, parmi d'autres, tenter de faire face aux contraintes de cette situation fortuite, déplaisante, inconfortable, voire même périlleuse.
L'observation (mise en bouteille !), quasi zoologique, de ce microcosme ne se fait évidemment pas à l'avantage de la société italienne qu'il est sensé représenter. Rappelons que le pays, après une phase de forte expansion économique, traversait alors une période de grave crise morale, sociale et politique. La cohérence du capitalisme était (déjà) questionnée, illustrée symboliquement ici par des piliers d'une voie d'autoroute abandonnée ou un cimetière automobile sauvage. Les disparates éléments de cet échantillon humain (sous ses composantes singulières et collectives) possèdent néanmoins des caractéristiques communes : une préoccupation contingente, parfois névrotique (à l'image du conducteur de la Coccinelle, interprété par Patrick Dewaere, contradictoirement obsédé par une certaine Mara), des illusions souvent absurdes et une certaine médiocrité.
Production européenne tournée à Cinecittà, L'Ingorgo reste surtout remarquable par son incroyable distribution internationale où se côtoient d'anciens (Alberto Sordi, Annie Girardot, Fernando Rey, Marcello Mastroianni, Stefania Sandrelli, Ugo Tognazzi) et de nouveaux (la Madrilène Ángela Molina, l'Allemand Harry Baer, Dewaere déjà cité, Miou-Miou et Gérard Depardieu) acteurs vedettes. Troisième et dernier film de Comencini candidat à une "Palme d'or", L'Ingorgo, sans faire véritablement partie des meilleures réalisations du cinéaste, demeure cependant assez significatif du cinéma italien de la décennie 1970 finissante.
___
1. "...Ingorgo, momento per pensare, che l’uomo corre troppo, ma non sa dove andare. Come il mio amor’ che non sa, dove approdar’, che sfiora e poi se ne va, senza sostar’."
2. "La autopista del Sur", la première du recueil "Todos los fuegos el fuego" édité en 1966. Le film raccourcit beaucoup la durée de l'embouteillage (entre Fontainebleau et Paris la nouvelle), dédramatise le mystère de sa causalité, ne reprenant ni la personnification par leur véhicule des personnages anonymes ni l'étrange bouleversement climatique final.
3. dernier des quatre films de Comencini (si l'on compte le collectif Signore e signori, buonanotte) co-écrit par le collaborateur également de Dino Risi et Ettore Scola.
4. le scénariste, notamment de Federico Fellini, associé auparavant avec Maccari à six autres reprises.
2. "La autopista del Sur", la première du recueil "Todos los fuegos el fuego" édité en 1966. Le film raccourcit beaucoup la durée de l'embouteillage (entre Fontainebleau et Paris la nouvelle), dédramatise le mystère de sa causalité, ne reprenant ni la personnification par leur véhicule des personnages anonymes ni l'étrange bouleversement climatique final.
3. dernier des quatre films de Comencini (si l'on compte le collectif Signore e signori, buonanotte) co-écrit par le collaborateur également de Dino Risi et Ettore Scola.
4. le scénariste, notamment de Federico Fellini, associé auparavant avec Maccari à six autres reprises.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire