"Les aspirations sont des désirs débarrassés de leur sauvagerie." Toute l'intrigue du Boucher s'articule autour de cette définition, énoncée par Mlle Hélène David à ses élèves au cours d'une visite de grottes paléolithiques (celles de Cougnac, Lot, séquence centrale dans le scénario).
Explication qui résume également l'insoluble contradiction éprouvée par le boucher Paul Thomas dit 'Popaul'. Celle que celui-ci, entre idéal*, but ultime et pulsions, ne parvient donc pas à résoudre ou au moins réconcilier.
Toute la science de Claude Chabrol consiste à relater cette histoire avec une infinie simplicité, suscitant au passage un doute hitchcockien, mais surtout à offrir une conclusion insoupçonnée.
Comment
également comprendre la relation de "complicité", obscure et formelle,
entre cette institutrice sublimée, peut-être narcissique, prétendument
soignée d'un douloureux excès de confiance, et cet ancien soldat
d'Indochine et d'Algérie, humble, un peu frustre mais sympathique, qui
apporte spontanément un gigot comme on offre des fleurs ? Chabrol a certainement dû prendre plaisir à laisser son public supputer.
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*"un sentiment profond par lequel l'âme la plus grossière devait
être impressionnée" in "La Femme de trente ans" - chapitre V - d'Honoré de Balzac, auteur apprécié par les provinciaux selon le libraire des Cousins.
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