"Dis donc, Ernest, entendons-nous bien. T'as besoin d'moi,
j'ai besoin d'toi, on traite... Mais un casseur doublé d'une donneuse,
tu voudrais tout d'même pas que j't'embrasse... Hein ?"
Tiré du roman de Jean Laborde "Pouce", Le Pacha est la sixième collaboration entre George Lautner et Michel Audiard initiée avec Les Tontons flingueurs.
Comme le précise le réalisateur dans son commentaire du film, le titre,
dont on aurait bien du mal à trouver un rapport avec l'histoire, est
une subsistance d'un projet de film avec Jean Gabin consacré aux marins qui ne s'est finalement pas fait.
S'il n'a pas le charme et la force des Les Tontons flingueurs, Le Pacha est un polar solide, sérieux, bien construit et rythmé (on entre dans le vif du sujet dès la deuxième minute du film).
L'histoire n'a rien d'original en soi si ce n'est de montrer un flic, à
quelques mois d'une retraite bien méritée, aux méthodes expéditives et
décidé à faire la justice lui-même. C'est plutôt dans le traitement que
se trouvent ses principaux atouts.
La
mise en scène est inventive, avec un mélange de plans très brefs, des
gros plans et d'autres plus descriptifs. Le fondu de la photo de Quinquin
vers son visage est, par exemple, assez novateur pour l'époque. Les
scènes d'extérieur, notamment celles des plaines enneigées sont
particulièrement réussies. Lautner semble résolument fasciné par la technique et la technologie (locaux
de la P. J. "high tech", télévision omniprésente, même sur le bureau du
divisionnaire Joss, microfilm, télex, interphones, caméras, véhicule
Matra pour la police...), ce qui donne un cachet sympathique mais désuet à son film. De même que cette longue scène dans la boîte de nuit psychédélique (l'influence de la guerre du Viet-Nam et du phénomène "Hair" est patente - Le Pacha sort sur les écrans quelques semaines avant mai 68)
dans laquelle le réalisateur s'amuse du contraste entre l'autorité et
les pulsions libertaires, entre les "anciens" et les "modernes", date
définitivement le film.
Les dialogues sont, comme souvent grâce à Audiard,
le sel qui permet de lui conserver son identité et sa verdeur. Certains
d'entre eux sont désormais des morceaux d'anthologie mais on a parfois
l'impression que le dialoguiste se pastiche lui-même, la recherche du
bon mot à tout prix affaiblit un peu la spontanéité et la sincérité des
propos.
Un peu à l'image de Jean Gabin qui fait un peu du Gabin,
en rajoutant un peu de mimiques et d'accentuations verbales superflues.
Il reste néanmoins l'acteur de la situation et l'on a du mal à imaginer
un éventuel remplaçant pour ce rôle de commissaire désabusé et
vindicatif.
L'aristocrate Dany Carrel campe une "poule", Nathalie, gironde, fraîche mais pâlichonne. C'est surtout derrière que cela pousse : André Pousse en bandit et nettoyeur de complices redoutable (il aurait pu s'appeler Léon !), le très simenonien Jean Gaven en inspecteur discret mais efficace, le "ministrable" (il fait immanquablement penser à Poher) Louis Seigner en directeur de la police ou encore la brève mais consistante apparition de Robert Dalban en flic-pourri.
Sans oublier (bien entendu !) la courte scène dans laquelle les deux G se croisent : Gabin et Gainsbourg, auteur d'une savante et répétitive (ici, ce n'est pas péjoratif) bande musicale. On peut dire, sans hésiter, que le Le Pacha ne serait pas ce qu'il est sans ce "riff" basse/batterie qui le rythme et sans les paroles du "Requiem pour un con".
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