"Ce sourd entendait l'infini." (Victor Hugo)
Les œuvres :
Sur les trente deux composées par Beethoven, la Sonate pour piano n°29 en si bémol majeur Op.106 "Hammerklavier",
dédicacée à l'archiduc Rodolphe, était sa préférée. Ecrite de 1817 à
1819, alors que la surdité du compositeur s'aggrave au point de le
contraindre à communiquer par le biais de cahiers de conversation, elle
est aussi la plus longue et difficile à interpréter (il la baptise d'ailleurs "Große Sonate für das Hammerklavier" qu'il n'est pas nécessaire de traduire !)
Elle marque aussi le retour à un style héroïque abandonnée à partir de
1812 mais ici renouvelé. Beethoven dira après l'avoir achevée : "Maintenant, je sais écrire", puis en la confiant à l'éditeur, il ajoutera : "Voilà une sonate qui donnera besogne aux pianistes lorsqu'on la jouera dans cinquante ans."
Les quatre mouvements sont : Allegro, Scherzo : Assai vivace, Adagio sostenuto, Largo-Allegro risoluto.
Les Six bagatelles Opus 126 marquent les
adieux de Beethoven au piano. Le recueil est composé en 1823 et 1824,
juste après la création de la Neuvième symphonie. Ce sont les deuxième (Allegro en sol mineur) et troisième (Andante en mi bémol majeur) bagatelles qui sont interprétées.
L'interprète :
Alfred Brendel est l'un des plus talentueux pianistes du XXe siècle. Né en Moravie (aujourd'hui république Tchèque)
en 1931, il n'est pas issu d'un milieu d'artistes et de musiciens.
Elève de Sofia Dezelic, puis d'Artur Michl et de Ludowika von Kaan et
enfin d'Edwin Fischer, il évolue dans un environnement très influencé
par Liszt. Il donne son premier concert à 17 ans et remporte le Prix de la ville de Bolzano (concours Busoni) un an plus tard. Premier disque (consacré à Liszt, bien entendu)
en 1951, il interprète par la suite Moussorgski, Balakirev, Stravinsky,
Haydn, Mozart, mais aussi Bartok, Prokofiev, Stravinsky, Brahms et
Dvorak. Il fait découvrir à un large public, choix courageux, les
oeuvres pour piano d'Arnold Schönberg. Dès 1960, Brendel explore les
différentes facettes de Beethoven. Il enregistre en effet l'intégral des
oeuvres pour piano, puis récidive au cours dans années 70. Sa
discographie propose trois interprétations des sonates du compositeur.
Interprète rigoureux et musicien inspiré, Brendel se consume
littéralement dans la musique, offrant à son public, surtout au début de
sa carrière, des grimaces qu'il assume avec humour.
Vous serez peut-être également intrigués par les pansements qu'il a aux
doigts. Il avoue lui-même que ses grandes mains l'obligent à jouer
certains accords avec les ongles. Les pansements servent à les protéger,
mais aussi à absorber la transpiration et à atténuer le bruit de la
frappe de la touche, ce qu'on appelle en allemand la "souris trotteuse".
Les deux pièces de Beethoven ont été enregistrées à Paris en février 1970.
Le bonus :
Le pianiste américain Julius Katchen joue, en public (salle Gaveau, novembre 1967), la Fantaisie "Wanderer" en do majeur D760
de Schubert. Musicien exubérant, souvent convaincant dans Brahms, il a
tendance à être un peu rapide et brutal dans sa prestation de Schubert.
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