"Tout ce qui se passe avant ou après la course est mis en suspens."
Après le succès retentissant de Bullitt et l'adaptation réussie du roman de Faulkner, The Reivers (qui nous offre l'interprétation la plus extravertie de la carrière de McQueen), celui-ci décide de reprendre un vieux projet : réaliser LE film sur les courses automobiles. Les précédentes tentatives (Grand Prix de Frankenheimer, Le Cercle infernal d'Hathaway, Virages de James Goldstone) étaient tous sorties de la route en accordant plus d'importance aux péripéties sentimentales qu'à la course elle-même. McQueen
a une démarche diamétralement opposée : réaliser un quasi reportage.
Cependant, en raison de contraintes d'assurance, il ne peut pas
participer à la course des 24h du Mans et doit se contenter d'un montage de scènes de course réelle (les 24h de 1970) et de plans raccord de course fictive et des acteurs en combinaison.
C'est, au départ, John Sturges
qui doit assurer la réalisation. Le circuit de la Sarthe est loué pour
trois mois ; vingt-cinq voitures de course sont louées ou achetées. Le
tournage débute sans scénario. L'équipe technique commence à se
désolidariser du projet, reprochant à McQueen son obsession de la vitesse qui l'empêche de penser cinéma. Après quelques aventures, notamment liées à la production, Sturges démissionne. Aussitôt remplacé par Lee H. Katzin (plus connu pour ses réalisations télévisuelles) qui se fait des amis en déclarant qu'il n'utilisera pas le métrage de son prédécesseur ; pendant ce temps, McQueen échappe de peu à la mort dans une ligne droite à plus de deux cents à l'heure.
Le Mans,
à défaut d'être un bon film, est intéressant ; pour les amateurs de
sports mécaniques principalement. Car en dehors de la course, il ne se
passe pas grand chose. L'histoire sentimentale est purement allusive et
le personnage de Lisa Belgetti, au visage impassible, sans
attrait. On regrette que le film mette presque une demi-heure à démarrer
et que la course ne soit pas précédée des essais pour nous mettre en
appétit. Nous avons droit, à la place, à une évocation champêtre et
touristique des à-côtés et préparatifs de la course sans réel intérêt.
En revanche, les images de compétition sont assez réussies malgré
quelques incohérences que relèveront les amateurs d'endurance
automobile. Pour l'anecdote, le départ de la course est de type 1970 (départ arrêté) et non 1971 (départ lancé).
Le
casting, partiellement évoqué, n'est pas essentiel : les dialogues sont
réduits au strict minimum et les visages camouflés par les masques et
les casques. Ce dernier aspect est aussi, trivialement, la raison de la
baisse de popularité de McQueen auprès du public féminin !
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