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"No debate, sir; no questions."
L'échec commercial de The Fugitive, produit en association avec le Mexicain Emilio Fernández, incite John Ford à renouer avec un sujet plus "classique". Lorsqu'il porte son dévolu sur "Massacre" de James Warner Bellah, récit publié en février 1947 dans l'hebdomadaire "The Saturday Evening Post", le cinéaste ne sait pas encore qu'il initie ce que l'on nommera ensuite une "Cavalry Trilogy"1. Troisième production de sa structure indépendante Argosy, Fort Apache est une fiction inspirée par le personnage de George Armstrong Custer et la bataille de Little Bighorn (dans laquelle les Apaches remplacent les Sioux). Ce film marque également le début de la collaboration entre Ford et l'ancien journaliste-critique de cinéma Frank Stanley Nugent avec lequel il travaillera à dix autres reprises jusqu'en 1963. Le caractère composite du scénario (drame militaire où s'immiscent des épisodes comiques et une intrigue sentimentale) surprend assurément ; mais l'influence de Nugent apparaît surtout évidente dans l'infléchissement de la représentation traditionnelle des Indiens mais aussi dans la nette sophistication de la relation entre homme et femme, notamment pour un western.
Situé en Arizona (mais tourné2 en Utah, aux paysages tant appréciés par le réalisateur), Fort Apache centre sa narration autour de l'officier Owen Thursday, général relégué au grade de lieutenant-colonel et dans une région très éloignée, a priori peu propice aux glorieux faits d'armes. Veuf accompagné de sa fille, Thursday se montre assez vite comme un individu rigide, préoccupé par les aspects formels de son service, par l'origine sociale et ethnique, peu enclin à la discussion. Des traits de caractère et de pensée qui vont, dans les circonstances, se traduire par un désastre quasi suicidaire. Henry Fonda (que John Ford a dirigé dans six précédents films) réussit à rendre son personnage à la fois avenant et antipathique face, pour la première fois, à John Wayne chargé de tenir le rôle d'un capitaine antithétique. Derrière ce duo de tête, les acteurs de soutien sont, comme souvent, d'une incontestable solidité. Plus que les limités Shirley Temple3 et John Agar (son époux depuis deux ans faisait ses débuts à l'écran), Pedro Armendáriz, Ward Bond, Victor McLaglen, Anna Lee et Irene Rich (dans son pénultième apparition au cinéma) apportent un significatif lustre au film.
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1. complétée par She Wore a Yellow Ribbon et Rio Grande à partir d'histoires également écrites par James Warner Bellah.
2. en pellicule infrarouge pour renforcer le relief des décors naturels et du ciel.
3. titulaire du rôle-titre dans Wee Willie Winkie réalisé par Ford pour la Fox dix ans plus tôt.
L'échec commercial de The Fugitive, produit en association avec le Mexicain Emilio Fernández, incite John Ford à renouer avec un sujet plus "classique". Lorsqu'il porte son dévolu sur "Massacre" de James Warner Bellah, récit publié en février 1947 dans l'hebdomadaire "The Saturday Evening Post", le cinéaste ne sait pas encore qu'il initie ce que l'on nommera ensuite une "Cavalry Trilogy"1. Troisième production de sa structure indépendante Argosy, Fort Apache est une fiction inspirée par le personnage de George Armstrong Custer et la bataille de Little Bighorn (dans laquelle les Apaches remplacent les Sioux). Ce film marque également le début de la collaboration entre Ford et l'ancien journaliste-critique de cinéma Frank Stanley Nugent avec lequel il travaillera à dix autres reprises jusqu'en 1963. Le caractère composite du scénario (drame militaire où s'immiscent des épisodes comiques et une intrigue sentimentale) surprend assurément ; mais l'influence de Nugent apparaît surtout évidente dans l'infléchissement de la représentation traditionnelle des Indiens mais aussi dans la nette sophistication de la relation entre homme et femme, notamment pour un western.
Situé en Arizona (mais tourné2 en Utah, aux paysages tant appréciés par le réalisateur), Fort Apache centre sa narration autour de l'officier Owen Thursday, général relégué au grade de lieutenant-colonel et dans une région très éloignée, a priori peu propice aux glorieux faits d'armes. Veuf accompagné de sa fille, Thursday se montre assez vite comme un individu rigide, préoccupé par les aspects formels de son service, par l'origine sociale et ethnique, peu enclin à la discussion. Des traits de caractère et de pensée qui vont, dans les circonstances, se traduire par un désastre quasi suicidaire. Henry Fonda (que John Ford a dirigé dans six précédents films) réussit à rendre son personnage à la fois avenant et antipathique face, pour la première fois, à John Wayne chargé de tenir le rôle d'un capitaine antithétique. Derrière ce duo de tête, les acteurs de soutien sont, comme souvent, d'une incontestable solidité. Plus que les limités Shirley Temple3 et John Agar (son époux depuis deux ans faisait ses débuts à l'écran), Pedro Armendáriz, Ward Bond, Victor McLaglen, Anna Lee et Irene Rich (dans son pénultième apparition au cinéma) apportent un significatif lustre au film.
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1. complétée par She Wore a Yellow Ribbon et Rio Grande à partir d'histoires également écrites par James Warner Bellah.
2. en pellicule infrarouge pour renforcer le relief des décors naturels et du ciel.
3. titulaire du rôle-titre dans Wee Willie Winkie réalisé par Ford pour la Fox dix ans plus tôt.
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