"Ces types sont morts parce que... je ne veux pas faire de l'argent de cette manière."
Abel Ferrara s'est fait connaître d'un large public avec The King of New York,
en particulier en Europe. Le film est, d'ailleurs, à l'affiche en
France deux mois avant de sortir aux Etats-Unis où il devait affronter
le Goodfellas de Martin Scorsese sorti une semaine plus tôt. Mais le public de Ferrara n'est pas celui de Scorsese.
Sur un script original de son scénariste attitré, Nicholas St. John,
le film relate la reprise en main de son fief du Bronx par un chef de
gang dès sa sortie de prison. Mais il ne s'agit pas d'une simple lutte
de pouvoir pour contrôler le trafic de drogue. Derrière ce ménage qui
débute dès les premières minutes, il y a la quête quasi mystique d'un
être condamné destinée, par exemple, à financer la rénovation d'un
hôpital pour enfants et déshérités. Mais les moyens mis en œuvre sont
radicaux et assez peu chirurgicaux. Il faut même riposter aux policiers
contraints de sortir de la légalité pour arriver à coincer
définitivement ce "roi" et sa cour, qui grâce à leurs dollars et à leurs
avocats, ne restent pas longtemps dans les locaux fédéraux.
Sex, drug and... killings, tel est le cadre, pour résumer, autour duquel s'articule le film avec pour décor le New York (Bronx)
natal du metteur en scène. Celui-ci ne s'embarrasse pas de scène
d'exposition, il entre immédiatement dans le vif du sujet et place les
protagonistes de son polar dans le cœur de l'action. La seule exposition qui l'intéresse est celle de sa pellicule. Ferrara est un réalisateur qui se regarde filmer, ici pour la bonne cause (parfois avec extravagance comme il le montrera dans ses futures réalisations).
Le choix de la focale, du diaphragme, des filtres colorés prime,
donnant une esthétique de "clip" à plusieurs scènes. L'utilisation
systématique d'une prise de son omnidirectionnelle est également une
caractéristique étrange qui immerge le spectateur dans un environnement
réaliste mais qui peut être agaçante pour certains spectateurs.
Christopher Walken (bien loin du Robert de Niro des Goodfellas déjà cité), après avoir atteint la célébrité grâce notamment à Michael Cimino, avait connu, au cours des années 1980, une certaine éclipse. The King of New York lui permet de revenir au premier plan puisqu'il enchaînera avec d'intéressants seconds rôles dans True Romance de Tony Scott ou Pulp Fiction de Quentin Tarantino. Son masque mortuaire hante le film tel un Nosferatu (cité dans une séquence) qui aurait viré gangster. David Caruso, acteur ferraraien, en flic irlandais aux méthodes presque aussi expéditives que son adversaire, Laurence Fishburne en flingueur déjanté, Victor Argo, acteur scorsesien avant d'être ferraraien, en policier usé complètent une distribution plutôt assez équilibrée.
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