"Long way from civilization!"
Au risque d'une éventuelle répétition(1), l'étonnement constitue l'un des plus plaisants sentiments provoqués par le cinéma. Sans forte réputation préalable et malgré un titre français (encore une fois ici) déplorable, ce A Lonely Place to Die appartient résolument à cette catégorie de films. Soigné, preste, radical sans extrémité, en deux mots assez efficace, le quatrième film (le troisième dont le scénario est co-signé par son frère Will) du Britannique Julian Gilbey assume plutôt dignement l'impressionnant legs laissé, il y a déjà quarante ans, par le modèle du genre : Deliverance de son compatriote John Boorman. Comme à l'époque le quatuor d'acteurs embarqué sur la Cahulawassee, ceux de cette production ne jouissent pas d'une significative notoriété, élément profitable au récit, tout en se montrent à la hauteur de l'enjeu.
Au cours de l'ascension de l'une des montagnes des Highlands écossais, Ed perd l'équilibre au cours d'une pause et entraine dans sa chute la plus expérimentée Alison. Déjà proche du sommet, Rob intervient rapidement, redresse Ed suspendu par la corde la tête en bas et empêche le drame. Le trio rejoint bientôt leurs amis Jenny et Alex qui les attendent dans la maison louée qui doit servir de camps de base à leur weekend. Le lendemain, le groupe se met en route pour atteindre le site de leur escalade. Après le déjeuner dans une forêt, Ed, qui s'est isolé un instant, perçoit comme un appel étouffé, une perception confirmée par Alison et les autres compagnons. Ils repèrent bientôt le tuyau coudé planté dans le sol d'où sortent les cris. Sous une lourde planche en bois, ils découvrent un vaste trou dans lequel une fillette effrayée est retenue captive. Jenny parvient à la rassurer puis lui offre à boire. Anna s'exprime dans une langue étrangère, du croate selon l'avis incertain d'Ed.
A Alex qui redoute le retour des ravisseurs, Jenny affirme la nécessité d'emmener l'enfant dans un lieu sûr. En l'absence de réseau téléphonique cellulaire, Rob décide de rejoindre en longeant la rivière Annan Mor, le village le plus proche distant d'une trentaine de kilomètres. Alison et lui iront chercher de l'aide et avertir la police en empruntant un raccourci qui passe par la falaise de Devil's Drop. Ils savent disposer d'une corde trop courte pour descendre l'à-pic. Un hélicoptère devrait pouvoir récupérer le reste du groupe à l'un des points de passage de l'itinéraire. Engagée la première le long de la falaise atteinte en courant, Alison s'aperçoit qu'il reste une distance importante et délicate à parcourir à main nue. Alors que Rob amorce à son tour la descente, la corde rompt brusquement ; son corps percute mortellement la berge pierreuse du cours d'eau en contrebas.
Avec son récit sec et souvent imprévisible, issu d'une hybridation entre thriller en (superbe) milieu naturel(2) et polar vaguement mafieux, A Lonely Place to Die convainc bien davantage que le médiocre Bosque de sombras au sujet un peu connexe, voire que le plus intéressant et elliptique El Rey de la montaña. Sa sélection dans plusieurs festivals dits fantastic-horrifiques tels Sitges et Toronto After Dark pourrait laisser faussement croire qu'il appartiendrait (comme Vertige) à l'un ou l'autre de ces genres. Certes terrorisante, l'intrigue imaginée par les frères Gilbey se révèle au contraire dramatiquement réaliste. Il faut, au passage, louer le remarquable talent du réalisateur et de son équipe à mettre en valeur les décors naturels écossais où elle se noue. La présence centrale de l'Australienne Melissa George (surtout connue pour ses rôles dans des séries TV) représente un atout supplémentaire aux côtés d'Ed Speleers (Eragon), du local Alec Newman et du comédien Sean Harris (Harry Brown).
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1. toujours possible sur le nombre (plus de 2000 critiques).
2. à l'exemple de Nordwand.
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